Apocalypse Now à Lagos


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Drapeau du Nigeria
Drapeau du Nigeria

L’explosion, dimanche dernier, d’un dépôt de munitions d’armes lourdes en plein centre de la capitale économique nigériane a plongé Lagos sous un déluge de feu. La panique générale, face a ce que beaucoup pensaient être un nouveau coup d’Etat, a occasionné plus de 600 victimes. Face au courroux populaire, les militaires sont déjà sur la sellette.

La pluie d’obus et de missiles qui s’est abattue dimanche sur Lagos n’était pas un coup d’Etat, mais le seul fait de l’explosion au coeur de la mégalopole nigériane d’un dépôt de munitions dans une caserne militaire. Images d’Apocalypse, scènes de panique, les habitants de la capitale économique du pays ont subit pendant deux heures les affres d’un pilonnage aveugle et accidentel. On dénombre plus de 600 victimes. La population réclame déjà des comptes et pointe d’un doigt accusateur les militaires.

Il est 16 heures, heure locale quand le ciel nigérian s’embrase et que les premières explosions retentissent. C’est un incendie sur un marché proche de la caserne qui a mis le feu aux poudres. Le feu s’est propagé jusqu’aux missiles et autres obus de gros calibres entreposés dans l’enceinte de ladite caserne. La tragédie est en marche.

600 corps repêchés dans le canal

La tragédie se joue alors qu’une partie de la population décide de fuir ce qu’elle croyait être un septième renversement du régime. Ils sont près d’un millier à escalader la digue qui les sépare d’un canal marécageux qu’ils pensaient salutaire. Fatale erreur. Certains seront piétinés par la marée humaine à l’assaut des flots, d’autres, beaucoup d’autres sont emportés par un courant meurtrier et périront noyés. Principalement des femmes et des enfants.

 » Comment pouvez-vous avoir une vieille armurerie qui ne soit pas protégée et pourquoi d’abord ont-ils commencé à a entreposer des bombes et du matériel explosif de gros calibre dans un quartier purement résidentiel ? », s’insurgeait devant la BBC Tokunbo Afikuyomi, sénateur fédéral de l’Etat de Lagos. Et il n’est pas le seul. La rue gronde et déverse sa colère sur les responsables désignés : les militaires. Elle réclame l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire la lumière en toute objectivité sur le drame.

Excuses publiques

Olusegun Obasenjo, le chef de l’Etat a déclaré la journée de lundi, journée de deuil national. Il a en outre annoncé que l’écheveau des responsabilités serait démêlé au cours d’une enquête militaire et non civile comme le souhaiteraient les doléances populaires. L’officier comandant de la caserne a fait publiquement ses excuses à la télévision dimanche soir, mais les vraies questions demeurent.

Même l’exécutif veille à se démarquer d’une armée vilipendée par tous.  » Cela a été causé par les militaires et en aucun cas par le gouvernement  » déclarait Bola Tinubu, le gouverneur de l’Etat de Lagos. Alors que le décompte des victimes n’est pas encore achevé, il est vraisemblable que dans les rangs des militaires des têtes vont bientôt tomber.

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