Algérie : un père de famille s’immole par le feu sur fond de précarité sociale


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Rachid Boudjellal
Rachid Boudjellal

Un jeune algérien, membre actif dans le Hirak  vendeur clandestin, s’est immolé par le feu, hier, dimanche 14 juin à Oran.

Père de deux enfants, Rachid Boudjellal gagnait sa vie de la vente de babioles dans le marché populaire, la Bastille, à Oran, dans l’ouest de l’Algérie. Il était resté sans ressources depuis le début du confinement.

Le drame s’est produit dans la matinée du dimanche 14 juin. L’homme, âgé de 40 ans s’est  aspergé d’essence et a mis le feu provoquant la panique sur le marché. Selon des témoins il exerçait son activité sur les marchés depuis une vingtaine d’année et son geste est lié à une interdiction d’exercer que lui a intimé la police.

En effet, après la levée officielle des restrictions sanitaires dues à la propagation du Coronavirus en Algérie, la victime espérait pouvoir reprendre son activité commerciale. Considérant que le moment était propice, accompagné de quelques autres vendeurs, ils s’étaient installés sur le marché jusqu’à ce qu’un un agent de police leur demande de remballer leurs marchandises et de quitter les lieux.

Faute de revenus et ne voyant aucune solution à ses impératifs financiers pour nourrir sa famille, il aurait alors décidé de s’immoler, en signe de protestation et ce, après avoir réclamé à plusieurs reprises une réparation sociale.

Le bureau d’Oran de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (LADDH) a reçu une photo, prise par la victime, le 18 mai dernier. Il y dénonçait déjà le comportement d’un policier qui l’aurait violemment malmené.

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Pour Kaddour Chouicha, vice-président de la LADDH et responsable du bureau d’Oran, « il est clair que tout est fait pour empêcher que la vérité soit connue et que la soumission au pouvoir soit totale même derrière les barreaux ».

Des appels de soutien et de dénonciations se multiplient depuis ce matin, sur les réseaux sociaux, suite à l’acte désespéré de Rachid. Il se trouve actuellement à l’EHU d’Oran, brûlé au 3ème degré. Par son geste, il est devenu le symbole de la précarisation croissante de la jeunesse algérienne. Pour certains, c’est un drame social qui exprime les difficultés réelles, profondes et quotidiennes.

Pour mémoire, il y a près de 10 ans, en décembre 2010, Mohamed Bouazizi s’immolait par le feu à Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie. Ce geste désespéré allait aboutir au départ de Zine el-Abidine Ben Ali.

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