Algérie : préparatifs du nouvel an amazigh Yennayer


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Yennayer qui coïncide avec le 12 janvier du calendrier grégorien, se prépare activement dans les régions berbérophones d’Algérie où des familles renouent bien volontiers avec les repas festifs.

(De notre correspondant)

Dans la région de Kabylie, Yennayer (1er jour de l’année en langue amazigh) est arrangé comme jour férié, même s’il n’est pas reconnu comme tel par les autorités du pays. Depuis le Printemps amazigh d’avril 1980, le Mouvement Culturel Amazigh (MCA), qui milite pour la reconnaissance de la culture amazigh, demande que ce jour soit un jour férié dans toute l’Algérie. Mais cette demande est jusqu’à présent restée sans réponse.

Yennayer qui demeure l’une des constantes culturelles partagées par tous les Algériens, est célébré avec toute l’importance qu’il se doit. C’est un jour spécial, marqué par de savoureux repas accompagnés majestueusement des rites symboliques. Dans chaque village, les chefs de famille sacrifient un coq pour l’occasion. Dans la région de Kabylie, Aqedidh (viande séchée) est la plus en vue à cette occasion qui permet à de nombreuses familles de renouer avec les habitudes ancestrales. « C’est en réalité une date symbolique pour nous qui restons démarqués des autres habitudes qui nous sont imposées par les différentes puissances qui ont conquis notre pays », nous fait remarquer A.Hamid enseignant universitaire.

Saïd Chemakh, sociologue et professeur à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, explique que Yennayer est « un rite paysan et agraire qui existe depuis l’antiquité. Depuis les années 1970, l’académie berbère l’a folklorisé et l’attribue au roi berbère Chachnak qui, dit-on, aurait vaincu [Ramses III] ». « Yennayer », ajoute-t-il, « est célébré même dans les régions arabophones comme Tlemcen et Tissemsilt, où la fête du masque est toujours d’actualité » En Kabylie, cette culture de masque a tendance à s’effacer surtout depuis l’avènement de la parabole. Mais dans l’ancien temps, les enfants se déguisaient avec des masques qu’ils avaient fabriqués eux-mêmes et parcouraient les ruelles du village sous le regard bienveillant de veilles femmes qui les bénissaient. Néanmoins, beaucoup de choses en restent comme la première coupe de cheveux, effectuée au nouveau né, une pratique répandue dans la quasi-totalité des villages kabyles.

Des rites symboliques sont aussi légion parmi les villageois qui œuvrent à écarter la famine, augurer l’avenir, consacrer le changement et accueillir chaleureusement les forces invisibles auxquelles croyaient les anciens. Le couscous qui demeure un élément fondamental de la pratique culinaire berbère est servi par les vieilles, afin de perpétuer la tradition. Dans certains villages kabyles, les chefs de familles sacrifient une volaille selon le nombre des membres. Le coq est pour l’homme (sexe masculin) alors que la poule est réservée pour la femme (sexe féminin). Un coq et une poule sont attribués à la femme enceinte afin d’éviter à celle-ci d’accoucher d’une fille, un être souvent mal accueilli au sein du système patriarcal de certaines tribus.

L’héritage y est toujours réservé à l’homme. Le premier Yennayer suivant la naissance d’un garçon était d’une importance non négligeable. Le père effectue la première coupe de cheveux au nouveau né et marque l’événement par l’achat d’une tête de bœuf. Ce rite augure de l’enfant le futur responsable du village. Un rite marquant également la première sortie du garçon au marché pour s’offrir la responsabilité. Dans les villages, les chefs de familles préparent activement cette occasion par l’achat des différents ingrédients à utiliser lors du diner de la veille communément appelé en kabyle « Imensi n yennayer ». Ce repas de communion réunira beaucoup de personnes qui marqueront un net attachement à la culture ancestrale fondée sur des bonnes valeurs.

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