Algérie : Nicolas Sarkozy veut réviser l’accord d’immigration de 1968


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Une fois n’est pas coutume, Nicolas Sarkozy a réitéré, vendredi 13 avril, son désir de revoir avec Alger l’accord d’immigration de 1968. L’Algérie dit non.

Le président-candidat français, Nicolas Sarkozy, a exprimé, vendredi 13 avril sur la chaine i>Télé, sa volonté de revenir sur l’accord d’immigration signé avec Alger en 1968. Pour Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, « ce n’est pas un diktat ». Nicolas Sarkozy, lui, estime qu’« il est temps de mettre les choses à plat » après « cinquante ans de décolonisation ».

Dans une interview accordée cette semaine à L’Express, Sarkozy en remet une couche : « Cinquante ans après la décolonisation, il faut achever sans tarder avec l’Algérie la renégociation des accords préférentiels en matière d’immigration, qui datent de 1968. » « Nous imposerons à tous ceux qui veulent venir au titre du regroupement familial ou du mariage avec un Français l’obligation : 1. d’avoir un logement, 2. d’avoir un revenu, 3. d’apprendre le français et les valeurs de la République avant d’entrer sur le territoire national », a-t-il déclaré. En fait, ces obligations figurent déjà dans l’article 4 de l’accord. Et cela fait deux ans que Paris essaie de renégocier son accord d’immigration avec Alger. En vain.

Objectif : diviser par deux les flux migratoires. D’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les Algériens ont été les plus gros contingents d’étrangers à accéder au territoire français en 2010, avec 24 000 titres délivrés. Ils constituent la première communauté étrangère en France. Au total, les Algériens étaient 578 000 à détenir un titre de séjour en 2010, sans compter les binationaux.

Difficile consensus

Côté Algérien, hors de question de réviser cet accord. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Médelci, avait exprimé en début d’année son souhait de « préserver » l’accord de 1968. D’après lui, elle « marque la spécificité des relations historiques avec les Français ». A Alger, la règle est claire : si une révision doit avoir lieu, celle-ci se fera dans l’unique but de renforcer les privilèges accordés aux ressortissants et non pour être alignée sur le droit commun.

Compte tenu des liens particuliers entre les deux pays, la France et l’Algérie ont conclu un accord d’immigration dérogatoire au droit commun le 27 décembre 1968. Cet accord, qui a fait l’objet de trois avenants et dont le dernier date de 2001, prévoyait un contingent de 35 000 entrées annuelles, ramené par la suite à 25 000 en 1972 et 1973. Aujourd’hui, ce sont donc 25 000 « certificats de résidence » qui sont délivrés chaque année aux Algériens.

Complaire aux uns… Et aux autres

En cette veille d’élection présidentielle, le président-candidat a remis sur la table les sujets qui posaient « problèmes ». Au lendemain de ses déclarations sur i>Télé à propos de l’accord de 1968, où certains y ont vu une volonté de grignoter des voix de l’électorat d’extrême droite, Nicolas Sarkozy reconnaissait officiellement, le 14 avril, la responsabilité de la France dans l’« abandon des harkis » après la fin de la Guerre d’Algérie en 1962. Promis en 2007, il l’a fait huit jours avant le premier tour. « La France se devait de protéger (les harkis) de l’Histoire. Elle ne l’a pas fait. Elle porte désormais cette responsabilité devant l’Histoire », a déclaré le président-candidat au cours d’un discours prononcé à la préfecture de Perpignan devant des harkis et descendants de harkis. « C’est cette responsabilité que je suis venu reconnaître ici, à Perpignan, au nom de la République française », a-t-il ajouté.

Sans pour autant être allé jusqu’à annoncer les excuses et réparations promises il y à cinq ans, Nicolas Sarkozy a proposé la construction d’un monument national à Paris qui leur serait dédié

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