Al-Qaïda annonce avoir exécuté Ihab al-Chérif


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La branche d’Al-Qaïda en Irak a annoncé jeudi avoir exécuté Ihab al-Chérif, le haut diplomate égyptien qu’elle avait kidnappé samedi. Le groupe de Abou Moussab al-Zarqaoui avait dès mercredi annoncé ses intentions dans un violent communiqué où l’Egypte était qualifiée « d’allié des juifs et des chrétiens contre les vrais musulmans ».

La branche d’Al-Qaïda en Irak a annoncé jeudi avoir exécuté le haut diplomate égyptien Ihab al-Chérif. « Le jugement de Dieu a été accompli contre l’ambassadeur des infidèles », indiquent les ravisseurs dans un message sibyllin publié sur Internet et accompagné d’une vidéo montrant l’otage en train de s’exprimer. Mercredi, toujours par le biais d’Internet, le groupe d’Abou Moussab al-Zarqaoui avait annoncé dans un violent réquisitoire qu’il allait procéder à cet assassinat : « Le tribunal de la Charia de l’Organisation Al-Qaïda en Irak a décidé de remettre l’apostat, l’ambassadeur de l’Egypte, allié des juifs et des chrétiens, aux moudjahidines pour qu’ils accomplissent son châtiment et le tuent (…) Voilà le sort réservé à un pays qui s’est allié au juifs et aux chrétiens pour combattre les véritables musulmans, leur nuire, les déplacer et profaner leurs valeurs », poursuit le communiqué, qualifiant le Président égyptien, Hosni Mubarak, de « plus grand des infidèles et plus cruel à l’égard des musulmans ».

Le cheikh d’Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, qui avait appelé « au nom de l’islam » à relâcher Ihab al-Chérif, n’a pas été entendu. Pas plus que les oulémas réunis à Amman (Jordanie) pour une conférence de trois jours, en début de semaine, et à l’issue de laquelle ils ont dénoncé « le principe d’accusation d’apostasie et la légalisation de l’assassinat de musulmans pour des raisons religieuses ».

« L’Egypte paie le prix de ses initiatives »

L’enlèvement, samedi dernier, d’Ihab al-Chérif, qui serait sorti acheter son journal sans protection, avait été revendiqué mardi par le groupe d’Abou Moussab al-Zarqaoui dans un bref communiqué ne mentionnant aucune demande contre libération. Le diplomate était en place en Irak depuis quelques semaines et devait présenter ses lettres de créances pour devenir le premier ambassadeur arabe en Irak depuis la chute de Sadam Hussein. Marié et père de deux filles, Ihab al-Chérif est né 1954 et était titulaire d’un doctorat de l’université de la Sorbonne, à Paris.

Pour le journal gouvernemental Al Moussawar, « l’Egypte paie le prix de ses initiatives » récentes en Irak, alors qu’elle s’en était longtemps tenue à l’écart. Le Caire avait été l’un des premiers pays à répondre favorablement, en juin, à l’appel des Etats-Unis visant à élever le niveau des missions diplomatiques à Bagdad. La presse égyptienne rappelle également « l’offre – restée lettre morte – du Premier ministre égyptien Ahmed Nazif d’aider l’Irak dans le domaine de la sécurité ». Un haut diplomate cité par Le Figaro se demande ainsi pourquoi « les Égyptiens n’ont pas voulu aller en Irak quand cela aurait eu un intérêt pour eux, si c’est pour s’y précipiter au moment le plus délicat ».

Fuite des représentations diplomatiques

Deux autres diplomates, l’un égyptien, l’autre iranien, avaient été kidnappés en 2004 et avaient été relâchés sains et saufs. Mais le groupe d’Al-Qaïda semble avoir changé de stratégie, si l’on en croit les attaques armées qui ont visé les chefs des missions du Bahreïn, Hassan al-Ansari, et du Pakistan, Younis Khan. Le premier, blessé à la main, a été promu au rang d’ambassadeur, devenant ainsi le premier diplomate arabe à ce poste à Bagdad. Quant au diplomate pakistanais, il a été transféré à Amman, où sont basées nombre de représentations diplomatiques. Devant le risque de voir ces dernières fuir le pays, les autorités irakiennes et américaines sont intervenues en début de semaine : « Ce n’est un secret pour personne que l’Irak est un endroit dangereux », a souligné Adam Hobson, porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis. Mais « nous pensons qu’il est important pour la communauté internationale de soutenir les Irakiens en établissant et en maintenant une présence diplomatique dans le pays ».

Plus virulent, le ministre de l’Intérieur irakien, Bayan Djabor, a tenu à responsabiliser les diplomates en place en Irak, tout en indiquant qu’un plan visant à les sécuriser a été élaboré : « L’ambassadeur d’Egypte s’est rendu seul dans un point chaud et il en porte la responsabilité », a-t-il estimé. Avant d’ajouter qu’il « disposait d’informations selon lesquelles des ambassadeurs rencontrent des terroristes et en portent la responsabilité ».

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