Ahmed Ben Bella : Un homme qui refusa toute sa vie d’être raciste envers ses oppresseurs français !


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Au Peuple d’Algérie Frère et à tous les Africains, mais aussi à ses amis français, je présente mes condoléances pour le rappel à Dieu d’Ahmed Ben Bella, le premier Président de l’Algérie libre. Je voudrais respectueusement m’incliner devant sa mémoire pour la lutte mémorable qu’il a menée avec les autres Algériens pour la libération de leur pays sous joug colonial. Je ne vous dirai pas que s’il n’y avait pas cette guerre que les différents gouvernants français nommaient honteusement la crise d’Algérie, l’Afrique Noire ne serait jamais libre, en tout cas, et clairement dans les années 60.

La Loi cadre ou Defferre a été précipitée en 1956 pour mieux s’occuper de l’Algérie dite française. Le Maroc de même que la Tunisie ont été libérés pour mieux s’occuper de l’Algérie! Mais ces deux nouveaux Etats ont fait jouer les liens de sang, la fraternité religieuse pour soutenir le FLN et éviter l’encerclement des Fellaghas !

Des Sénégalais ont été envoyés pour casser de l’Algérien, ils étaient Musulmans pour certains mais ils luttaient pour l’intégrité territoriale de leur patrie: la France qui allait de Dunkerque à Mostaganem!
Aux Nations Unies les Africains s’étaient divisés en pro Français et pro Algériens. Les nouveaux Etats africains indépendants ont eu des postures différentes quant à la question algérienne. Entre Africains on s’est même traités de traitres selon qu’on est pour ou contre la cause algérienne! C’est dire la centralité de la question algérienne à l’époque dans les relations internationales !

Et contrairement à ce que certains ont soutenu, Léopold Sédar Senghor, l’ancien président du Sénégal et futur membre de l’Académie française celui-là même qui a corrigé la Constitution française de 1946 était bien pour l’Algérie indépendante. Sur ce dossier il était sur la même ligne que son ancien premier ministre et rival Mamadou Dia.
L’autre secret c’est qu’effectivement l’une des raisons fondamentales de la séparation du Mali ( ancien Soudan français) et du Sénégal est liée à la crise algérienne. Le Général de Gaulle avait d’autres chats à fouetter que de s’occuper de la Fédération du Mali.

Ben Bella un homme du pardon

Je retiens de Ahmed Bella que j’ai rencontré deux ou trois fois à Genève et qui m’a fait le plaisir de me recevoir longuement en tête dans son bureau à la Fondation Nord Sud Développement, cet homme qui a refusé jusqu’à la fin de sa vie de détester ceux qui avaient opprimé son peuple, ceux contre qui il s’est battu. Lors de la préparation de Conférence de Durban à Genève, il me confiera : « Je ne peux être raciste.». Je lui ai fixé un regard profond pour lui dire sans ouvrir ma bouche et pourquoi et comment ? Le sage africain, me dira alors : « Vous savez quand nous luttions pour notre indépendance des Français étaient aussi avec nous. Et quand j’ai failli être tu Saumure, ce sont des Français comme Jean Paul Sartre qui m’ont sauvé la vie. »

Il s’appelait Ahmed Ben Bella. Musulman, résistant face au colonialisme c’est-à-dire la domination de l’homme par l’homme. Il avait 95 ans. Il est Algérien. Il est né Français. Il meurt chez lui en Algérie algérienne auprès de sa famille.
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Repose en paix Doyen

El Hadji Gorgui Wade Ndoye, journaliste sénégalais accrédité aux Nations-Unies, directeur de votre magazine panafricain ContinentPremier

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