8.500 réfugiés burundais bientôt réinstallés aux Etats-Unis


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L’agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, a affirmé que le processus de réinstallation vers les Etats-Unis a commencé pour 8.500 réfugiés burundais qui ont fui leur pays en 1972 vers la Tanzanie.

Par David Jagongo, correspondant à Nairobi

Le HCR a dit dans un communiqué que le processus a commencé vendredi dans le camp de Kibondo, dans l’ouest de la Tanzanie, pour 8.500 Burundais qui doivent se rendre dans plusieurs villes des Etats-Unis où ils seront installés. Mais les bénéficaires devraient faire escale à Nairobi, au Kenya, pour participer à des cours d’initiation visant à faciliter leur arrivée et leur intégration en Amérique.

3.000 « des réfugiés burundais de 1972 » ayant accepté la réinstallation devraient quitter Kibondo pour les villes d’Atlanta (Georgie) et Phoenix (Arizona) dans les 15 prochaines semaines, a affirmé le HCR dans un communiqué rendu public dans la capitale kenyane. L’ensemble du processus, organisé par le gouvernement américain, l’Organisation des migrations internationales (OIM) et le HCR, devrait être finalisé d’ici à la fin de cette année.

De jeunes réfugiés ont joué les tambours traditionnels du Burundi et dansé en poussant des cris quand le groupe en partance, dont un double amputé, a embarqué à bord de l’avion sur la piste de Kibondo. Des centaines de villageois du coin ont regardé la scène avec curiosité. « Nous sommes contents car, aux Etats-Unis, nous ne serons plus des réfugiés. Parfois, c’est comme une insulte de se faire appeler réfugié », a déclaré Emmanuel Kabura, qui partait avec sa femme Janvière et leur fils Ezekiel.

Kabura n’est jamais allé au Burundi et n’a pas de parents là-bas. Ses parents ont fui en 1972 en RD Congo avant de se rendre plus tard au Rwanda -où Kabura est né en 1981- avant finalement de se mettre en sécurité en Tanzanie en 1994. Il parle bien anglais et est confiant pour son avenir aux Etats- Unis. « Quand nous serons installés aux Etats-Unis, je voudrais aller à l’université pour étudier la sociologie », a-t-il dit.

Evode Gahungu, lui, a fui le Burundi à l’âge d’un an mais sa mère, son père et ses deux frère et soeur ont tous été tués quand ils sont rentrés au Burundi dans les années 1990. « J’ai toujours vécu en exil. J’essaierai de ne pas oublier mes racines, mais j’espère que les Etats-Unis peuvent devenir ma nouvelle mère patrie », a déclaré cet époux et père de quatre enfants.

Les difficultés nées de 35 ans d’exil

Les « Burundais de 1972 » représentent un des problèmes de réfugiés les plus longs du monde et la réinstallation est la seule solution viable et durable pour la plupart d’entre eux. Des centaines de milliers de Burundais avaient fui vers les pays voisins cette année pour échapper à la violence ethnique qui avait fait environ 200.000 morts. Le cas des enfants de ces réfugiés nés en exil sont également étudiés pour le processus de réinstallation aux Etats-Unis.

Certains parmi les réfugiés ont été déplacés plusieurs fois dans la région des Grands Lacs. En 1972, des milliers de Burundais avaient fui vers la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Mais ils avaient dû déménager en Tanzanie quand des conflits ont éclaté dans ces pays dans les années 1990.

Dans le même temps, des Burundais étaient rentrés au bercail après plusieurs années d’exil mais avaient dû chercher refuge dans les pays voisins une fois de plus quand une nouvelle vague de violence a éclaté dans leur pays.

Bien que le rapatriement des réfugiés burundais chez eux reste une priorité, le HCR estime qu’un rapatriement et une intégration réussis de ce groupe particulier n’est pas possible. Après 35 année d’exil, ils seraient confrontés à des problèmes fonciers complexes et non résolus. « De plus, certains réfugiés pensent qu’ils sont considérés comme des étrangers et ne seraient jamais totalement intégrés au Burundi ».

Ceux nés en exil s’identifient étroitement avec leur pays hôte, la Tanzanie, mais l’intégration locale n’est pas en vue. La Tanzanie accueille encore 276.000 réfugiés, essentiellement originaires du Burundi et de la RD Congo.

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