« Vol au-dessus d’un nid de fachos » ou la nébuleuse « rouge brune », selon Frédéric Haziza


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Frédéric Haziza, journaliste à Radio J et à La Chaîne parlementaire LCP, est sur le point de publier un livre sur les liens présumés entre militants d’extrême-droite et d’autres issus de l’extrême gauche. Explications.

Des liens étroits tissés entre groupes d’extrême droite et extrême gauche auxquels se mêlent des salafistes et des jeunes banlieusards… Une étrange et mystérieuse mixture qui serait, selon Frédéric Haziza, journaliste à Radio J et à la Chaîne parlementaire française LCP, une nébuleuse, « rouge brune ». Ce dernier est parfaitement convaincu de son existence puisqu’il s’apprête à publier une enquête à ce sujet intitulée « Vol au-dessus d’un nid de fachos », à paraître le 15 janvier aux éditions Fayard. Un titre qui rappelle étrangement le film de Milos Forman « Vol au-dessus d’un nid de coucou » (1976) qui retrace l’histoire d’une rébellion dans un hôpital psychiatrique contre la dureté d’une infirmière.

Frédéric Haziza a tenté d’étudier les présumés liens entre un certain nombre de groupuscules, de personnalités et « militantes d’extrême droite, négationnistes, anciens militants d’extrême gauche, obnubilés par le combat anti-Israël ». Un combat auquel se mêlerait, selon lui, des islamistes salafistes et des jeunes de banlieues. Quant aux principaux acteurs et animateurs de cette mouvance obscure, ils ne seraient autres que le comique Dieudonné M’Bala M’Bala, l’essayiste Alain Soral et le leader du groupe Jeunesses nationalistes révolutionnaire, Serge Ayoub.

Un livre au goût du talion ?

Lorsqu’on lit le livre d’entretiens avec Eric Naulleau, Dialogues désaccordés, Alain Soral affirme ne pas être d’extrême droite : « Je suis national-socialiste ». « En tant que national-socialiste français, ça m’agace d’être rangé à l’extrême droite, qualificatif qui désigne pour moi les néoconservateurs, les impérialistes américano-sionistes et le pouvoir bancaire international », ajoute Soral.

Dieudonné, Soral et Ayoub sont, depuis de nombreuses années, dans le collimateur d’Haziza. D’ailleurs, ce dernier avait refusé d’accueillir Alain Soral sur le plateau de LCP. « Je me refuse à inviter des gens qui diffusent des idées racistes, antisémites, du même ordre que celles qui ont envoyé mon grand-père à Auschwitz », se justifie Haziza. Le journaliste de LCP a notamment mal pris le fait qu’Alain Soral remette en doute sa parole et qu’il se lance dans des recherches pour vérifier si son grand-père a vraiment été envoyé dans les camps.

Suite au refus du journaliste d’accueillir l’essayiste sur cette chaîne du service public, une pétition avait été érigée à l’encontre de Frédéric Haziza pour « fautes professionnelles ». Les auteurs de la pétition dénoncent la « partialité pour Israël » de Frédéric Haziza, son « agressivité », sa vulgarité ou encore ses « multitudes provocations ».

Un journaliste jugé grossier par ses détracteurs

Les internautes qui ont signé la pétition, plus de 12 400 à ce jour, disent, entre autres, « refuser de payer » avec leurs impôts « un journaliste qui se comporte grossièrement et d’une façon partial ». La chaîne de télévision LCP avait condamné « fermement » « la campagne infâme aux accents antisémites » contre l’un de ses journalistes, ainsi que « la pétition appelant à son licenciement », se réservant « le droit de poursuivre » ses auteurs, comme le rappelle le site d’Europe Israël.

Il y a aussi cette fameuse vidéo où l’on voit Frédéric Haziza, lors d’un déplacement à Lyon pour la commémoration du 70ème anniversaire de la mort de Jean Moulin, faire un doigt d’honneur à des manifestants. Les personnes présentes ce jour-là affirmaient manifester contre le mariage pour tous. Mais selon le journaliste, il était destiné au Groupe Union Défense, comme il le prétend dans une interview au Nouvel Obs.

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« Vol au-dessus d’un nid de fachos » sort donc après ces nombreux épisodes et ne devraient pas enchanter la jeunesse des banlieues davantage soucieuse à trouver la sortie de secours vers la ville et l’emploi. Mais malgré les mises en garde répétées de certains de ses proches, Frédéric Haziza s’est lancé dans l’écriture de son bouquin pour dénoncer « la menace croissante de ces groupuscules ». « On ne peut pas rester les bras ballants. Il ne faut rien laisser passer », proclame-t-il.

Quant à l’interdiction des spectacles de Dieudonné, souhaitée par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, Frédéric Haziza y est favorable car il y a « un problème de respect de la loi ». « Si Dieudonné tombe sous le coup de la loi, il doit être poursuivi et condamné. Il n’y a aucune complaisance à avoir envers la haine raciale et l’incitation à la haine raciale », ajoute-t-il. « Dieudonné n’est plus un humoriste, il est passé de l’autre côté ».

Si Frédéric Haziza affirme trouver un soutien auprès de Manuels Valls, Jean-Luc Mélenchon ou encore Jean-François Copé, de nombreux internautes dénoncent l’absence de neutralité d’un journaliste travaillant pour le service public. Comme il l’a été un temps reproché à Audrey Pulvar, de nombreux internautes n’hésitent pas à rappeler à Frédéric Haziza, que la « neutralité », l’ « indépendance », l’ « impartialité » ou encore l’ « absence de conflits d’intérêts » sont les ingrédients déontologiques attendus d’un journaliste.

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