Tunisie : Mehdi Jomâa veut assouplir la loi anti-cannabis


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Le Premier ministre tunisien, Mehdi Jomâa, s’est déclaré favorable, ce mercredi, à un assouplissement de la loi qui pénalise la détention et la consommation de cannabis en Tunisie. Il a réagit à l’arrestation pour détention et consommation de cannabis du cyberactiviste Azyz Amami, figure de la révolution de janvier 2011.

Lors d’une conférence de presse, ce mercredi, le Premier ministre tunisien, Mehdi Jomâa, s’est prononcé pour un assouplissement de la loi anti-cannabis dans son pays. Les contrevenants encourent jusqu’ici une peine minimale d’un an de prison ferme. Le blogueur Azyz Amami, figure de la révolution de janvier 2011 s’est fait arrêter, ce mardi, pour consommation de cannabis.

Près de 50% des personnes en détention pour des affaires de stupéfiants

« La loi n’est plus en phase avec l’époque. Nous sommes en train de l’amender pour qu’elle s’adapte à la nouvelle réalité », a indiqué Mehdi Jomâa. Le ministère de la Justice et de la Santé serait en train de réfléchir aux moyens d’ « humaniser » la législation, selon le directeur général de la Santé, Nabil Ben Salah, rapporte l’AFP.

Le Premier ministre tunisien a réagi à l’arrestation du blogueur Azyz Amani, figure de la révolution de janvier 2011. La police tunisienne l’a interpellé, ce mardi, à Tunis, dans le quartier de la Goulette pour détention et consommation de « zlata ». Il était en compagnie d’un jeune photographe franco-tunisien de 27 ans, Sabri Ben Mlouka. Le chef du gouvernement a appelé, ce mercredi, la justice « à la clémence » pour le cyberactiviste, déjà arrêté le 6 janvier 2011 pour avoir diffusé des vidéos sur la répression puis relâché quelques heures avant la chute de Ben Ali.

« Un débat national sur ces questions »

« Une lettre ouverte a été adressée au chef du gouvernement, le 13 mars, afin de lui demander l’ouverture d’un débat national sur cette question », a rapporté l’avocat Ghazi M’rabet, un des défenseurs d’Azyz Amami, selon Le Monde. Les deux hommes encourent une peine de un à cinq ans de prison ferme, et de 1 000 à 3 000 dinars (450 à 1 350 euros) d’amende.

La législation actuelle sur les stupéfiants, qui date de 1992, prévoit des lourdes peines planchées à l’encontre des personnes arrêtées pour avoir consommé du « zatla », la résine de cannabis. Cette loi interdit aux magistrats de prendre en compte les circonstances atténuantes.

Des manifestants se sont rassemblés

Près de 50% des Tunisiens en détention et environ un tiers des condamnés le seraient en raison d’affaires liées aux stupéfiants, et majoritairement le cannabis, d’après des chiffres de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Des associations critiquent cette loi qui serait instrumentalisée pour restreindre la liberté d’expression.

Un rassemblement s’est déroulé devant le tribunal de grande instance de Tunis pour réclamer leur libération. L’émotion est vive et les Tunisiens se mobilisent en masse sur les réseaux sociaux contre ces arrestations, symbole des lois répressives toujours en vigueur, héritées du régime de Ben Ali.

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