Ouganda : la mini-jupe ou le début de la pornographie


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Une loi contre la pornographie vient d’être proposée par un ministre ougandais. La législation prévoit l’arrestation de toute femme vêtue d’une mini-jupe, vêtement considéré comme un début d’acte pornographique. Plusieurs voix se sont d’ores et déjà élevées contre cette mesure dans le pays.

La minijupe représenterait le début de la pornographie. Simon Lokodo, le ministre ougandais de l’intégrité, a lancé un nouveau projet de loi visant à éradiquer la pornographie. Nommé « la loi contre la pornographie », ce projet mettra fin, s’il est adopté, à de nombreux droits et libertés individuels. Comme le port de la minijupe par exemple. A peine quelques mois après le projet de loi du député David Bahati contre l’homosexualité, ce nouveau projet fait parler de lui et génère tout autant de colère.

La minijupe interdite

En Ouganda, il semblerait que, pour les hauts dirigeants notamment, porter une minijupe relèverait d’un acte pornographique. Le ministre ougandais, lui-même, tient à apporter plus de précisions à cette définition de loi. Il a précisé que tous les vêtements dépassant le genou étaient désormais interdits parce qu’ils entrent dans des comportements érotiques de provocation qui suscitent l’excitation. « Si une femme porte une minijupe, nous allons l’arrêter », a déclaré le ministre ougandais. Cette déclaration revient à déplacer le problème et incite à la violence sexuelle. Cette dernière ferait des coupables les victimes. Et tout manquement se soldera par une amende de 10 millions de shillings ougandais (4000 dollars) et 10 ans de prison.

La loi anti-pornographie

Le projet de loi ougandais « anti-pornographie » est née en réaction à l’« augmentation de matériel pornographique dans les médias ougandais et de la danse nue dans le milieu du divertissement ». Le projet définit la pornographie comme « toute pratique culturelle, sous forme de comportement ou sous forme de communication… ou activité de loisir… qui dépeint une personne se livrant à des activités sexuelles explicites ou comportements érotiques destinés à provoquer l’excitation sexuelle » qui pourrait en clair pervertir les mœurs. Voulant « doter le pays d’une meilleure loi pour s’attaquer au problème social insidieux de la pornographie », les autorités pensent ainsi interdire la diffusion de spectacles où la danse serait « osée » (avec Madonna ou encore Beyoncé par exemple) et imposer un contrôle plus strict de l’usage et l’accès à Internet.

Ce nouveau projet de loi cause une vive consternation chez l’opinion qui le juge d’un autre temps. Mais celui-ci ravit l’élite religieuse et conservatrice du pays. Les opposants à cette législation tentent pour le faire reculer de sauver la minijupe afin de ne pas revenir aux temps de la dictature d’Idi Amin Dada (1971-1979) où le corps des femmes était une des grandes caractéristiques du régime. Ils critiquent la position du gouvernement dans le domaine des choix personnels, des libertés et de la morale. Ils estiment qu’il ne doit en aucun cas interférer dans ces domaines qui relèvent du privé.

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