Madagascar : la présidentielle à nouveau menacée


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Au moins 21 candidats, qui se sont constitués en collectif, exient le retrait des candidatures à la présidentielle des trois principaux candidats: l’actuel président de transition Andry Rajoelina, l’épouse du président déchu Marc Ravalomanana, Lalao Ravalomanana et l’ex-président âgé de 76 ans Didier Ratsikara. Ils jugent leur participation à la course de la présidence illégitimes.

C’est à se demander si la présidentielle aura lieu à Madagascar. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait un coup d’éclat autour du scrutin reporté au 23 août. Au moins 21 des 41 candidats se sont constitués en collectif pour que les trois principaux challengers retirent leurs candidatures de la course à la présidence, jugées illégitimes. A savoir : l’actuel président de transition Andry Rajoelina, l’épouse du président déchu Marc Ravalomanana, Lalao Ravalomanana et l’ex-président âgé de 74 ans André Ratsikara.

Si ces derniers n’entendent pas leurs réclamations, les contestataires ont menacé de ne plus se présenter aux réunions de préparations du scrutin. Plusieurs d’entre eux d’ailleurs ont quitté vendredi précipitamment la dernière réunion et érigé une banderole à l’extérieur, indiquant « non aux candidats facteurs de blocage ». Ils ont promis de poursuivre leurs actions jusqu’au retrait des trois candidats qui menacent le scrutin selon eux.

Impasse

Un nouveau coup d’éclat qui met à mal le processus électoral malgache, malade depuis déjà plusieurs années. Pas plus tard que début mai, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), chargée de jouer les médiateurs dans la crise malgache, a également exigé le retrait des candidatures des trois principaux candidats, les jugeant illégitimes.

Même son de cloche pour Paris qui a également exprimé sa « déception face à la décision de la Cour électorale spéciale de déclarer recevable la candidature de M. Andry Rajoelina à l’élection présidentielle de Madagascar, de même que celles de Mme Lalao Ravalomanana et de M. Didier Ratsiraka [élu deux fois président de la République] ». Selon le Quai d’Orsay, « la candidature de M. Rajoelina rompt l’engagement solennel pris le 15 janvier 2013 par le président de la transition de ne pas se porter candidat à l’élection présidentielle malgache ».

Les coups de théâtres se sont multipliés dans la grande île depuis la publication de la liste des 41 candidats qui briguent le fauteuil présidentiel. Contre toute attente, Andry Rajoelina, qui avait renoncé à se présenter, a finalement décidé de maintenir sa candidature. Une surprise dont personne ne s’attendait. C’est lorsque la Cour électorale spéciale a dévoilé la liste officielle des 41 candidats à la présidentielle que l’on a découvert qu’elle contenait également le nom du chef de la transition.

Cacophonie

Pourtant, il y a encore quelques mois, lui et son prédécesseur Marc Ravalomanana, exilé en Afrique du Sud, avaient décidé tous deux de renoncer à la présidentielle afin d’apaiser les tensions politiques dans le pays, dues également à leurs querelles. Le président de la transition qui a mené un coup d’Etat contre l’ex-chef d’Etat malgache en mars 2003, plongeant le pays dans une grave crise économique, ne l’a jamais autorisé à rentrer dans son pays comme il en avait fait la demande.

Toutefois, la candidature de son épouse a également été vivement contestée. Cette dernière a été autorisée à conduire la mouvance de son mari même si le code électoral ne l’autorise légalement pas à se présenter, en raison de son retour tardif d’Afrique du Sud, qui va à l’encontre de l’obligation de tout candidat d’avoir résidé au moins six mois avant le scrutin à Madagascar.

Quant à l’ex-président Didier Ratsirika, âgé de 76 ans, il pense qu’il peut encore apporter quelque chose à son pays. L’ancien dirigeant avait dirigé la Grande île entre 1975 et 1993 et entre 1997 et 2002. Selon lui, « il n’est pas interdit de vaticiner à 76 ans. C’est le lot des vieux schnocks. Je pense que je peux apporter encore quelques services à ce pays. Lors de ce dialogue malgacho-malgache, j’apporterai humblement une, deux, peut-être trois solutions que j’estime pérennes, efficaces, durables, démocratiques, consensuelles pour sortir le pays de cette crise qui n’a que trop duré », a-t-il confié à RFI. Pendant que la cacophonie politique se poursuit dans la grande île, la situation économique ne cesse de se détériorer, plongeant une grande partie des Malgaches dans une plus grande misère.

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