Les autorités algériennes foulent aux pieds les droits fondamentaux des migrants subsahariens !


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Migrant (Photo : Louiza Ammi)
Migrant (Photo : Louiza Ammi)
La bêtise humaine (les guerres, la famine, l’insécurité aux frontières des pays voisins) et le mutisme des gouvernements africains continuent d’aggraver la situation des migrants subsahariens. Leur sort attire de plus en plus l’attention des ONG qui se battent constamment pour la réhabilitation de leurs droits élémentaires, cependant même l’ONU semble peiner à améliorer leur situation.

Au péril de leurs vies, ils passent principalement par les frontières sud de l’Algérie pour rejoindre l’Europe et certains finissent par s’y installer illégalement. Livrés à eux-mêmes, ils mènent une vie très difficile sans compter ceux qui se trouvent refoulés aux frontières, dans des conditions insoutenables.

Depuis début septembre, à Oran, dans le nord-ouest de l’Algérie, plusieurs personnes qui travaillent de manière illégale sur le territoire algérien, ont été arrêtées et placées dans un centre de « refoulement ». Ils y sont retenus dans les conditions les plus précaires. Les migrants en question, venant de plusieurs pays africains, sont ensuite reconduits dans le désert, au niveau de la frontière nigérienne.

En effet, au cours des dernières semaines, les autorités algériennes ont expulsé des milliers de migrants et de demandeurs d’asile vers le Niger, lors de rafles en série de personnes de différentes nationalités.

L’ONG Human Rights Watch a déclaré récemment que « les forces de sécurité ont séparé des enfants de leurs familles, lors d’arrestations de masse, dépouillé les adultes de leurs biens, les empêchant de contester leur expulsion et refusant de vérifier leur éligibilité au statut de réfugiés ».

Elle précise également que « plusieurs dizaines de demandeurs d’asile enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) font partie des personnes arrêtées, dont plusieurs ont déjà été expulsées ».

Des chiffres inquiétants…

Depuis le début du mois de septembre, l’Algérie a expulsé plus de 3 400 migrants d’au moins 20 nationalités différentes vers le Niger, dont 430 enfants et 240 femmes, selon des organisations humanitaires travaillant au Niger. « Cela porte le nombre de personnes expulsées sommairement vers le Niger cette année à plus de 16 000, dont un peu plus de la moitié sont des Nigériens ».

Les autorités algériennes ont regroupé la plupart des Nigériens à bords de camions ou de bus bondés, avant de les remettre à l’armée nigérienne, dans le cadre de convois de rapatriement « officiels » ; d’autres, dans des convois dont les passagers étaient de nationalités mixtes, ont été abandonnés en plein désert, près de la frontière. Un comportement qui a été dénoncé par des ONG et les militants pour les droits des migrants.

« L’Algérie a certes le droit de protéger ses frontières, mais pas de placer en détention arbitraire et d’expulser collectivement des migrants, dont des enfants et des demandeurs d’asile, en l’absence de procédure régulière », a déclaré Lauren Seibert, chercheuse auprès de la division Droits des réfugiés et migrants de Human Rights Watch.

« Avant d’expulser quiconque, les autorités devraient vérifier individuellement le statut des personnes en vertu des lois relatives à l’immigration ou à l’asile et veiller à ce que chaque demande soit examinée individuellement par les tribunaux », a-t-elle expliqué.

Human Rights Watch, qui s’est entretenu par téléphone avec « six migrants sierra-léonais, guinéens, nigérians et ivoiriens, dont une femme, expulsés vers le Niger en 2020 ; deux migrants détenus en Algérie (…) », avait constaté que « des enfants non accompagnés et des enfants séparés de leur famille lors des rafles, dont certains étaient âgés de moins de 10 ans, ont été détenus et expulsés, selon des travailleurs humanitaires qui aident des migrants en Algérie et au Niger ».

« C’est incroyable qu’ils puissent procéder à l’arrestation de jeunes enfants sans même savoir où sont leurs parents », a déclaré l’un d’entre eux à HWR. Le 1er octobre, le ministre algérien de l’intérieur, Salah Eddine Dahmoune, a annoncé une nouvelle opération de lutte contre la « migration clandestine », affirmant qu’elle respectait les droits humains. Or, cette version officielle semble loin d’être plausible.

Le 3 octobre dernier, selon HWR qui a rapporté des informations auprès des travailleurs humanitaires au Niger, « les autorités algériennes ont expulsé 705 adultes et enfants de 18 nationalités différentes vers le désert, puis a renvoyé de force 957 Nigériens à bord d’un convoi vers leur pays, le 5 octobre, et enfin a expulsé 660 personnes de 17 nationalités vers le désert le 8 octobre ».

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