Congo, Diaspora : Mack Gyl, une voix de bronze !


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Dans son single « Ngoma » et son opus à venir « Beau souvenir », l’artiste-musicien Mack Gyl chante son Congo natal avec les intonations du musicien français Francis Cabrel, lequel a bercé son enfance. Rencontre avec un chanteur congolais dont la voix fait résonner les quais de la Seine !

Vendredi 03 février 2017, Paris Stalingrad. Sur la péniche Anoko, quelque quinze musiciens d’origine congolaise lancent leur nouvelle association, Zikos 242. Tour à tour défilent sur la scène Jackson Babingui, Jean-Aimé Kifoula, Martial Prince, Nzongo Soul. Puis Mack Gyl, de son vrai nom Gyl-Régis Mackany.

Guitare en bandoulière, il entonne « Je l’aime à mourir » de Francis Cabrel, d’une voix de stentor. Le public applaudit à tout rompre. C’est que pour Mack Gyl, Francis Cabrel est celui qui l’inspire le plus, tant sur le plan du timbre que sur celui des accords et du son. « Je convoque Francis Cabrel au quotidien », dit-il sans se départir de son sourire. Et de poursuivre : « Tout être reproduit involontairement l’œuvre qu’il aime, aussi mes chansons allient Pop rock façon Cabrel, Rumba et Folklore congolais. »

En témoigne son premier single « Ngoma », sorti en 2016 quelque temps avant l’échéance électorale. Une mélopée d’une allure polie dans laquelle Mack Gyl mettait en garde la classe politique contre les travers du passé, et pour cause, le Congo a toujours été « la revanche de l’abstrait sur le concret » et que les Congolais ne sont pas ennemis les uns contre les autres. Et, pour mieux donner du poids à sa chanson, Mack Gyl a fait intervenir le patron du folklore congolais, Michel Rafa, auteur de « Ngoma za Congo » en 1982. Et autre maître à chanter de Mack Gyl. « Quand je lui ai soumis le projet, Michel Rafa a été très enthousiaste. D’autant que je reprenais d’une certaine manière sa chanson Ngoma za Congo, qui a égayé mon adolescence brazzavilloise », assure-t-il.

Un chemin tout tracé

En fait, Mack Gyl n’est pas venu en musique par hasard. Tout indiquait qu’il baignerait dans le chant, à la fois une passion et une vocation. Né à Dolisie dans le département du Niari, alors que ses parents, pasteurs, s’y trouvaient en mission, Mack Gyl intègre très tôt la Chorale des jeunes chanteurs de Ouénzé. Il y joue de la batterie et des percussions. Quelques années plus tard, il rejoint un groupe vocal, Les Compagnons de la joie en tant qu’instrumentiste : batterie, percussions, guitare, tous ces instruments n’ont plus de secret pour lui.

Comme ses parents voyagent beaucoup, bientôt la famille s’installe à Pointe-Noire. Là, le futur artiste-musicien est membre du Claa (Centre littéraire artistique atlantique) du lycée Victor Augagneur. Il se distingue dans la section musicale, tout en ayant un œil à la poésie et au théâtre. « Je peux affirmer que je me suis découvert ici ; c’est à Pointe-Noire que j’ai vraiment été face à moi-même », reconnaît-il d’un ton calme qui le caractérise. A partir de ce jour-là, Mack Gyl croit en son étoile musicale, il ne doute plus de son potentiel, il est en harmonie avec lui-même.

Depuis presque trente ans qu’il vit avec la musique, Mack Gyl n’a pas pondu beaucoup d’albums ! Mais il ne s’en soucie pas ! Son répertoire d’œuvres inédites est riche. Des chansons qu’il travaille et retravaille sans le moindre soupçon de renoncement. C’est que notre quadragénaire s’est imposé une rigueur indéniable.

Et c’est avec plaisir qu’il paraphrase Paul Valéry : dans le travail musical, « à toute règle qu’on s’impose correspond aussitôt une liberté d’autre part. Le géomètre n’arrive à la rigueur qu’en se donnant des libertés idéales, c’est-à-dire en se libérant du côté des choses ». Une libération qui gagne l’âme de ceux qui l’écoutent !

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