Centrafrique : retranchés au PK-5, les musulmans disent « NON » à Hollande


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L’arrivée de François Hollande ce vendredi matin à Bangui, pour une visite d’une journée, a déclenché une colère monstre au sein de la communauté musulmane. Elle demande le départ du président français, accusé de fermer les yeux sur les meurtres des musulmans de Bangui.

« Pas la peine de venir, nous sommes déjà tous morts M. Hollande », lance une femme dans le quartier musulman du PK-5, en marge de la visite du président français. Cette enclave musulmane de la capitale, l’une des dernières à Bangui, a essuyé ses deux derniers jours de violentes attaques de la part de miliciens chrétiens anti-balaka. La population musulmane continue d’être lynchée et découpée en morceaux. Mardi et mercredi dernier, pas moins de onze cadavres ont été ramassés dans ce quartier où le vivre ensemble était pourtant de mise avant l’intervention de la France.

A l’entrée du PK-5, les musulmans donnent le ton : « NON à la France », lit-ont sur une pancarte. « PK-5 c’est le dernier quartier qui nous reste mais depuis trois jours la situation est pourrie. Les musulmans sont découpés en morceaux, nos maisons détruites et pillées. On ne comprend pas à quoi servent les Français depuis qu’ils sont là », accuse un habitant du quartier.

« La France pourrait sécuriser Bangui en 48 heures »

De nombreux médias musulmans, à l’image d’Al-Kanz qui s’étonne du silence assourdissant des institutions musulmanes de France, ne comprennent pas non plus ce que fait la France à Bangui. Car de l’avis de la communauté musulmane, la force Sangaris pourrait sécuriser la capitale en 48 heures. « La France pourrait sécuriser Bangui en 48 heures si elle le souhaitait mais elle laisse faire les attaques et les pillages. On a perdu confiance en la France », affirme Miradje Asfarany, un économiste de 45 ans. La visite éclaire de François Hollande, plutôt que d’avoir calmé les tensions, semble au contraire les avoir attisées.

Le cheikh Daoud Muslim Mbockani est formel, les soldats français n’ont pas bougé d’un iota lorsque des anti-balaka ont emporté sa famille. « Je vis les actions de Sangaris dans mon sang, dans ma chair. Dieu ne laissera pas la France impunie », clame-t-il. Massée autour de lui, la foule acquiesce les accusations du cheikh. Un peu plus loin au nord, au PK-12, une poignée de musulmans vivent retranchés, cernés par des miliciens. Les rixes entre anti-balada et musulmans y sont récurrentes.

Pour leur défense, les soldats affirment que « c’est difficile » et que « tout va très vite » lors des attaques. Afin de justifier les nombreux dérapages dans la capitale, ces derniers se replient derrière « des règles d’engagement. Ils le savent. On ne va pas tirer sur tout ce qui bouge ».

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