Burundi : la loi liberticide sur la presse


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Un projet de loi sur la presse, soumis au Parlement pendant l’été 2012, devait être adopté ce vendredi 19 avril par les sénateurs du Burundi. Le texte, voté le 3 avril à l’Assemblée nationale, est décrié par les journalistes et organismes de défense des droits de la presse. Et pour cause, il vise à renforcer le contrôle de l’Etat sur le métier de journaliste.

Une loi contre la liberté de la presse est en passe d’être adoptée. Le texte, voté le 3 avril à l’Assemblée nationale, est décrié par les journalistes et organismes de défense des droits de la presse. Et pour cause, il vise à renforcer le contrôle de l’Etat sur le métier de journaliste. Les sénateurs burundais devaient, ce vendredi 19 avril, adopter ce projet de loi.

Selon les journalistes burundais, cette loi est liberticide à divers titres, parce qu’elle prévoit d’institutionnaliser la restriction de la protection des sources, de permettre à l’exécutif politique de contrôler la délivrance de la carte de presse, et d’instaurer des amendes pour délit de presse. Pour toutes ces raisons, les journalistes exhortent les sénateurs burundais à ne pas adopter en l’état ce texte, en fustigeant le pouvoir et l’accusant de vouloir bâillonner la presse.

Une loi politique ?

D’où la controverse. Qu’est-ce que cache ce projet de loi ? Une volonté de l’exécutif de réduire les droits de la presse afin de mieux museler les journalistes ? Ce sont les questions que se posent les journalistes burundais, continuellement oppressés par le président Pierre Nkurunziza.

Ils sonnent ainsi la révolte. « On veut que les institutions, les dirigeants de ce pays, puissent entendre notre dernier cri, a déclaré Bob Rugurika, le rédacteur en chef de la Radio publique africaine. Parce que nous on sait que cette loi, si elle passe telle qu’elle est, va mettre fin à un processus démocratique qui avait connu des avancées dans cette région », rapporte RFI.

Si les doléances de la presse burundaise n’ont, pour l’heure, été entendues par les législateurs, les associations et autres organismes de défense des droits de la presse ont pris fait et cause pour leur combat, notamment Human Rights Watch et Reporters sans frontières.

Liberté de la presse : le Burundi classé 132e pays

Comme chaque année, Reporters sans frontières (RSF) publie son classement des pays en matière de la liberté de la presse. Pour cette année 2013, le Burundi pointe à la 132e place. Un classement qui nous renseigne sur le traitement réservé aux journalistes dans ce pays. RSF avait déjà, en 2012, tiré la sonnette d’alarme.

« Elu à la tête du pays en 2005, le président Pierre Nkurunziza a beau claironner son attachement à la liberté de la presse, rien n’y fait. Les journalistes du Burundi sont entrés, depuis son accession au pouvoir, dans une période de menaces et d’incertitudes », dénonce l’ONG. Et de s’offusquer : « Certains ont été incarcérés. Plusieurs autres ont quitté le pays, de peur de tomber à leur tour dans le piège tendu par les services de sécurité aux hommes et femmes de médias qu’ils considèrent comme des « perturbateurs » ». Avant d’illustrer concrètement la pression politique quotidienne exercée à l’encontre des médias : « […] les journalistes de la presse privée sont régulièrement poursuivis en justice, assignés à comparaître ou simplement convoqués au tribunal, souligne RSF. Dans le collimateur des autorités se trouvent surtout des radios, le média le plus puissant et influent dans la société burundaise […] Pendant ce temps, des médias privés proches du pouvoir, tels que la station Rema FM, diffusent des messages haineux ».

La presse étatique burundaise avait, même, titré « 1ère loi de presse démocratique de l’Histoire » à la suite de l’adoption du projet de loi sur la presse à l’Assemblée nationale, le 3 avril. C’est donc pour défendre la liberté d’expression que les journalistes indépendants du Burundi s’opposent à cette loi jugée liberticide.

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