Présidentielle aux Comores : victoire de « l’ayatollah » Ahmed Abdallah Sambi


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Drapeau des Comores
Drapeau des Comores

L’islamiste modéré, Ahmed Abdallah Sambi, a remporté l’élection présidentielle de l’Union des Comores avec 58,02% des suffrages, selon les résultats officiels de la Cour constitutionnelle. Le nouveau Président sera investi le 26 mai prochain à Moroni.

Ahmed Abdallah Sambi est le nouveau Président de l’Union des Comores. L’islamiste modéré a remporté les élections présidentielles avec 58,02% des suffrages exprimés, selon les résultats définitifs du scrutin rendus public par la Cour constitutionnelle jeudi 18 mai. La victoire de « l’ayatollah », surnom que lui a donné la population du fait de sa formation de théologie en Iran, au Soudan et en Arabie Saoudite, paraissait certaine depuis les résultats officiels provisoires annoncés mardi 16 mai. Il devance largement ses deux adversaires, Ibrahim Halidi, soutenu par le Président sortant Azali Assoumani, qui a obtenu 28,32% des voix et Mohamed Djaanfari, qui a rassemblé seulement 13,65% des électeurs. Ahmed Abdallah Sambi devient ainsi à 48 ans le septième Président des Comores indépendantes.

Chef d’entreprise, ancien député et guide religieux, Ahmed Abdallah Sambi s’est présenté tout au long de la campagne comme un nouveau venu en politique à même de réformer et diriger l’archipel dans la transparence, en exploitant ses talents d’homme d’affaire pour relancer l’économie des Comores. Il a également promis de ne pas modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, de lutter « contre la misère » et « d’instaurer la justice ». Il s’était engagé à traduire les dirigeants « indélicats » devant les tribunaux. Répondant à ses détracteurs qui l’accusent de vouloir introduire l’extrémisme religieux dans la politique nationale, il a indiqué sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) être un « théologien, un pratiquant » avant d’ajouter qu’il n’avait aucunement l’intention de forcer quiconque à porter le voile islamique, encore moins d’imposer une république islamique car « ce n’est pas ce que le peuple demande ».

Le taux de participation était de 57,26% sur les quelques 310 000 électeurs comoriens appelés aux urnes dimanche 14 mai dans les trois îles de l’archipel de l’océan Indien (Grande Comore, Anjouan et Mohéli). Le nouveau chef d’Etat a été élu pour quatre ans, en vertu de la Constitution de 2001, instaurant une présidence tournante dans le but de garantir une stabilité dans ce pays marqué par une vingtaine de coups d’Etat ou tentatives depuis l’indépendance en 1975. Le président sortant, élu en 2002 après être arrivé au pouvoir en 1999 par un coup d’Etat, ne pouvait ainsi constitutionnellement pas se représenter.

Un scrutin salué par beaucoup

Avant même les résultats définitifs de la Cour constitutionnelle, la victoire de Ahmed Abdallah Sambi a été relativement bien accueillie par la classe politique internationale. L’Union africaine (UA), qui a déployé sur place une force inter-africaine de près de 800 militaires pour assurer la sécurité du scrutin, a salué le déroulement et la régularité de cette élection qu’elle a jugé « exemplaire », « sans magouille et sans fraude ». « Les élections présidentielles du 14 mai 2006 se sont déroulées conformément à la loi et ont été libres, transparentes et fiables », pouvait-on lire dans un communiqué commun de l’UA, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), de la Ligue arabe et de la Commission de l’océan Indien.

Le président français, Jacques Chirac a quant à lui félicité son homologue fraîchement élu l’assurant de « la disponibilité de la France à appuyer (ses) efforts ». Comme l’UA, il a souligné que le scrutin s’était « tenu dans le plein respect de la Constitution », illustrant « la solidité de la démarche de réconciliation nationale en cours aux Comores, avec le soutien et la confiance de la communauté internationale ». Le roi Mohammed VI du Maroc a également adressé un message de félicitation à Ahmed Abdallah Sambi, lui faisant part de sa « grande satisfaction » à propos des liens traditionnels de fraternité africaine et de coopération fructueuse qui unissent les deux pays. Le nouveau Président sera officiellement investi le 26 mai devant le président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré et le Président sud-africain, Thabo Mbeki.

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