Yannick Noah, personnalité préférée des Français


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Le Journal du Dimanche (JDD) a publié dans son édition du 14 août le Top 50 des personnalités préférées des Français. Et c’est l’ancien tennisman reconverti dans la chanson Yannick Noah qui arrive bon premier avec 32%, devant le footballeur Zinedine Zidane (30%), qui squattait cette position depuis deux ans, et le chanteur Charles Aznavour (29%). Noah passe ainsi de la troisième place, qu’il occupait depuis décembre 2004, à la première. « C’est quelque chose qui, dans un premier temps, m’a presque fait flipper », commentait-il dans un entretien au JDD. « Ce qui m’interpelle, c’est cette longévité que les gens m’offrent à travers ce classement. Ce que je représente pour eux va au-delà de la chanson. » L’enquête a été réalisée par l’institut de sondage Ifop, du 30 juin au 5 juillet, auprès d’un échantillon représentatif de 987 personnes de plus de 15 ans. Elle révèle que Yannick Noah est plébiscité surtout par les femmes et les gens de gauche. Alors pourquoi Yannick Noah plaît-il tant aux Français ? Voici 10 pistes de réponse…

1 – Il a été un Dieu du stade
Souvenez-vous… C’était en 1983. Yannick Noah, joueur athlétique et spectaculaire, est vainqueur du mythique tournoi de Roland-Garros. Il est érigé en héros national (la France attendait ça depuis 37 ans quand même) et réalise alors son rêve de môme. Surdoué du tennis, Yannick est né en 1960 à Sedan, en France, mais découvre les raquettes au Cameroun, où il passe toute son enfance. A 10 ans, il est déjà un petit champion. Remarqué et aiguillé par l’Américain Arthur Ashe, légende vivante du tennis, il part se perfectionner à Nice, dans le Sud de la France. A 17 ans, il remporte son premier grand tournoi junior à Wimbledon et entre en 1978 dans la cour des grands en affrontant les champions du moment (Connors, Lendle, Pecci…). Après son sacre de 1983, Yannick devient troisième joueur mondial à 23 ans. Après des années de tennis de haut niveau (il remporte une autre victoire en tournoi du Grand Chelem, en double, avec Henri Leconte), il entraîne l’équipe de France féminine avec laquelle il remporte la Fed Cup en 1996. Puis il mène ensuite l’équipe masculine à la victoire en Coupe Davis en 1991 (la France attendait ça depuis 1932 quand même…)

2 – Il a réussi sa reconversion
Dès 1991, il se tourne vers la musique, sa deuxième passion d’enfant après le tennis. Premier disque, premier succès : « Saga Africa », hymne à la joie aux paroles simplettes, devient le tube de l’été 1991. Après ce succès inattendu pour le nouveau venu sur la scène musicale française, son premier album, Black and What ?, se vend à 600 000 exemplaires (double disque de platine). Urban tribu, deuxième opus sorti en 1993 passe relativement inaperçu. Mais Noah ne s’arrête pas là. Il sortira notamment un album simplement intitulé Yannick Noah en 2000, qui cartonne dans les charts, notamment grâce à la chanson « Les lionnes ». En 2003 sort Pokhara puis Métisse(s) en 2005, dont la chanson éponyme est composée et chantée en duo avec le rappeur Disiz la Peste. Aujourd’hui, Yannick le chanteur a derrière lui des dizaines de concerts en France et remplit le Zénith sans problème.

3 – Il est rigolo, Yannick
Qui ne se souvient pas de ses pirouettes, de ses mimiques et de ses poiriers improvisés sur les courts quand il gagnait ? Clown sportif et pas triste, il aimait créer le spectacle, à l’instar d’un McEnroe ou d’un Connors. C’était une bête de court. C’est maintenant une bête de scène. Lors de ses concerts, il dégage une belle énergie et sait apprivoiser les foules grâce à son sens du show et son charisme naturel.

4 – Il a le reggae dans la peau
Et il le montre (en portant des dreadlocks). Et il le chante, notamment sur le titre « Jamafrica » :
« De Tunis à Douala
Et de Casa à Djaména
La même musique vole
C’est partout, partout
Les rues de Kingston
(…)
De Soweto à Brazza
De Lagos jusqu’à Yaoundé
Le reggae c’est le roi
La Jamaïque est partout chez soi
C’est Jimmy, c’est Marley
Et les Wailers, oh yes, ah les Wailers
C’est en moi, c’est en toi
Jamaica tu vis en Africa »
Il explique aussi : « J’ai rencontré le Pape (Jean-Paul II, ndlr), Nelson Mandela, qui fut un de mes héros, et le Dalaï-Lama… Mais je crois que par-dessus tout c’est avec Bob Marley que j’aurais souhaité passer toute une soirée ! »

5 – Il a les dents du bonheur
Et un sourire immense. C’est d’abord ça qu’on voit quand il apparaît sur les plateaux de télévision. Et puis il a aussi gardé une musculature parfaite héritée de ses entraînements sportifs, qu’il met en valeur en jouant les mannequins, notamment pour les pubs Sloggy. Et même si c’est une marque de slips, pas grave, Yannick, on t’en veut pas…

6- Il aime les enfants
Il en a quatre (Joachim, Yelena, Elyjah et Jenayé), issus de deux mariages avec deux sublimes femmes, Cécilia, ancienne reine de beauté, et le top model Heather. Et il a un cœur « gros comme ça ». Avec sa mère, il a créé en 1988 l’association « Les enfants de la terre », qui offre des maisons d’accueil pour les enfants malades défavorisés. Il est également parrain de l’association « Fête le mur » qui met des équipements sportifs, et notamment des courts de tennis, à disposition des jeunes des banlieues. Il chante aussi pour les Restos du Cœur et a même écrit une chanson intitulée « J’aime les gosses » :
« J’aime les mioches
Les tout-petits, les microbes, les minots
Ceux qui courent, ceux qui dorment
Ceux que l’on porte dans le dos
J’aime cette brève innocence
Le pur de ces regards immenses

Refrain :
Y’a pas d’os
J’aime les gosses
Avant que leurs têtes ne deviennent grosses
Sans les bosses
J’aime les gosses
Avant que la vie ne les cabosse ».
C’est trop beau Yannick…

7 – Il est métisse et fier de l’être
Son père, Zacharie, Camerounais, ancien footballeur professionnel et sa mère, Marie-Claire, Française et professeur, ont eu trois enfants. Yannick, dans son dernier album, dit :
« Je suis métis, un mélange de couleur Oh oh
Oh métis, je viens d’ici et d’ailleurs

Marcher pied nu dans la ville, en sandales dans la jungle
Tu sais le mélange est facile, il suffit d’être simple
Je suis une éclipse qui rencontre un solide
Je suis fier d’être métis, j’ai la chance de choisir »

8 – Il a chanté la Marseillaise
Et oui… En 1997, son disque « Oh rêves » est une version reggae transformée en hymne pacifiste léger. Ce n’est pas forcément le meilleur morceau de sa carrière, pour ne pas dire l’un des moins bons. Depuis Gainsbourg, quand même, on n’a pas vu mieux comme réécriture de l’hymne national.

9 – Il aime l’Afrique

Y’a pas à dire, Yannick transpire l’Afrique. Pour lui, son groupe est une « tribu » et il chante « Yaoundé, je suis un de tes fils ». Très attaché à ses racines, il a enregistré son album sorti en 2000 en France et au Cameroun. Sur cet opus, il rend hommage à son grand-père camerounais avec Simon Papa Tara, évoque les sages du village avec La voix des sages et encense les femmes d’Afrique avec Les lionnes. En 2005, il rejoint l’équipe du Cameroun de football en tant que conseiller mental.

10- Il a la « cool attitude »
C’est sûr, à côté de la « Sarkozy attitude », ou de la feu « Raffarin attitude », y’a pas photo. Yannick Noah, c’est la décontraction légendaire. Optimisme, humanité, chaleur… Oubliées ses colères et ses caprices de diva lorsqu’il était tennisman… aujourd’hui Yannick est coooool. De fait, il véhicule une image médiatique très positive et défend des valeurs universelles : paix, tolérance, solidarité. Du coup, il est vu comme un « fédérateur ». Même si les commentateurs sportifs n’ont pas toujours été tendres avec lui (ses fameux problèmes au genou raillés par la presse…), en 1981 déjà, Jack Lang lui avait demandé de parrainer la première édition de la Fête de la Musique. Prémonitoire…. En décembre 1991, Le Nouvel Observateur titrait, d’une façon tout aussi prémonitoire, « La France de Noah », pour saluer sa victoire en tant qu’entraîneur à la Coupe Davis. Citoyen, du monde, grand frère protecteur, libre penseur… moi je vous le dis, l’histoire d’amour entre Noah et les Français est loin d’être terminée.

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