La Côte d’Ivoire retrouve sa force de frappe aérienne


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Le gouvernement ivoirien a été autorisé à procéder à la réparation des avions détruits par la France lors d’un assaut le 6 novembre dernier. Cet accord onusien et français, salué par le Président Gbagbo, crée en revanche une vive inquiétude chez les membres des Forces Nouvelles, qui dénoncent la violation de l’embargo sur les armes et se déclarent plus que jamais « en état de guerre ».

Par Badara Diouf

La flotte aérienne ivoirienne réparée. Les Nations Unies (ONU) et les soldats français de l’opération Licorne ont accepté, samedi, que soient réparés les appareils détruits par les soldats français le 6 novembre dernier. Deux appareils en état de voler ont quitté Yamoussoukro pour Abidjan ce lundi. Deux chasseurs-bombardiers Sukhoï 25 seront rapatriés sur la capitale économique par voie terrestre. La remise en fonction des avions et hélicoptères est soumise à des conditions et se fera sous « le contrôle » des « forces impartiales » et des militaires français. Cette autorisation de remilitarisation est considérée comme une violation des accords de paix par les ex-rebelles et nourrit les plus extrêmes antagonismes.

Un Mig 24 (hélicoptère de combat soviétique) et un avion léger d’appui au sol Strikemaster ont créé l’événement en survolant, dimanche, à basse altitude, la capitale administrative ivoirienne. Les vols d’essai ont été accueillis par des hourras lancés par une partie des habitants, triomphaux. Les deux appareils se sont posés, ce lundi, à quelque trois heures d’intervalle, sur la base aérienne de Port Bouët à Abidjan. Une nouvelle qui marque assurément une victoire politique de l’actuel gouvernement ivoirien et du chef de l’Etat Laurent Gbagbo.

« C’est une violation de l’embargo sur les armes »

Du côté des Forces Nouvelles (ex-rebelles), c’est la consternation. « Vraiment nous ne comprenons pas. Permettre à monsieur Gbagbo de reconstruire ses avions de guerre est une véritable menace pour tout le pays, et c’est une violation de l’embargo de départ pour la non prolifération des armes et du plan d’accord de paix visant à une démilitarisation. Par cette mesure laissée à Abidjan, nous sommes tous inquiets et plus vigilants que jamais. Nous nous considérons en état de guerre depuis le 4 novembre 2004, mais aujourd’hui plus que hier », déclare le directeur adjoint du cabinet du Secrétaire général des Forces Nouvelles, monsieur Togba Mamadou à Bouaké.

Le réarmement des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) sonne pour les ex-rebelles, le glas des velléités de processus de désarmement des autorités. Et complique la tâche, déjà ardue, du Président sud-africain Thabo Mbeki, actuel médiateur dans la crise ivoirienne. Et qu’importe les garanties françaises et onusiennes qui veulent que les appareils soient sous leur contrôle. Une éventuelle crainte d’attaque reste perceptible, comme le souligne encore monsieur Togba Mamadou : « Comment peut-on encore faire confiance à monsieur Gbagbo, alors qu’il a démontré sa perfidie avec deux ans de tergiversations politiques et le non respect de sa part du cessez-le-feu. Lui permettre de réparer ses avions et hélicoptères, c’est lui donner l’occasion de nous attaquer à nouveau. L’option militaire est une constante chez lui. De ce fait nous comptons saisir la cour de l’ONU face à cette nouvelle menace ». La situation est on ne peut plus tendue et, avec les deux camps ainsi radicalisés, on peut raisonnablement nourrir de vraies craintes quant au devenir de la paix dans le pays.

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