Grioo victime d’un sabotage?


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Le quotidien de l’actualité du monde afro est inaccessible depuis le 17 février dernier. La veille, il mettait en ligne un article sur « l’affaire Dieudonné ». Sabotage ou coïncidence ? Afrik s’est rapproché de son webmaster, Hervé Mbouguen pour en savoir plus.

Qui a donc voulu faire taire Grioo le 17 février dernier ? Sur le site inaccessible, depuis 17 février dernier, il est question de « piratage ». On semble aussi faire le lien avec un article sur l’humoriste Dieudonné mis en ligne la veille. Au vu du dégât causé, (une disparition complète de tous les articles du site), les doutes se portent sur l’hébergeur du site. Créé le 15 mars 2003, Grioo s’est voulu une vitrine du monde afro. Qui sont les coupables ? Hervé Mbouguen, le webmaster avance posément ses théories.

Afrik : Pourquoi pensez-vous que votre article sur Dieudonné a été à l’origine de cette panne ?

Hervé Mbouguen : Je parle plutôt de coïncidence. Mais j’avoue qu’il est tout de même curieux que ce piratage soit intervenu le jour où nous avons mis en « une », un article sur Dieudonné, rappelant que son spectacle à l’Olympia était annulé mais qu’un comité de soutien organisait une manifestation en sa faveur. Je rappelle que l’article en lui-même n’était pas polémique. Néanmoins, il a suscité sur notre site, des échanges assez violents entre les partisans et opposants de l’humoriste.

Afrik : Que s’est-il passé dans la journée du 18 février ?

Hervé Mbouguen : Le mercredi est le jour où nous envoyons notre newsletter (mailing contenant les articles publiés dans la semaine, ndlr). Le serveur a eu un dysfonctionnement pendant le traitement de l’opération et vers les 5-6 heures du matin, il devenait impossible d’avoir accès au site. J’ai essayé de le redémarrer à distance, une opération pourtant banale qui n’a pas fonctionné. C’est à ce moment que j’ai su que c’était un gros problème.

Afrik : Sur votre site, vous citez votre hébergeur qui ne vous aurait pas soutenu dans cette affaire

Hervé Mbougen : Oui, cet hébergeur, qui se dit le meilleur de France (et dont il a souhaité taire le nom, ndlr), n’a pas été joignable pendant les premières 24 h, malgré tous les mails que nous lui avons envoyés. C’est le lendemain, le jeudi, qu’il nous a enfin livré le diagnostique en nous faisant comprendre qu’il y avait un problème avec le système d’exploitation (partie qui gère l’ordinateur) mais pas avec les données (contenu, mails,.). Il fallait encore attendre le lendemain pour qu’il nous facture une réinstallation du système avec une préservation de notre contenu. A trois reprises, nous lui avons demandé si cette opération ne compromettra pas notre contenu, il nous a rassuré à chaque fois. Mais au final, tout a été effacé. Par une opération qui ne peut qu’être volontaire d’un de leurs employés. L’explication qui nous a été avancée ne nous a pas totalement convaincus.

Afrik : Est-ce-une raison suffisante pour incriminer votre hébergeur ?

Hervé Mbouguen : Il faut savoir que cette panne qui nous arrive est rare pour les ordinateurs que nous utilisons. Ce sont des ordinateurs qui sont robustes. Pour comprendre l’ampleur du phénomène, sachez qu’en novembre 2003, nous nous étions fait pirater sans perdre nos données. Ceci dit, nous n’accusons pas notre hébergeur à proprement parler. Nous nous plaignons de son support, et de ce qui nous semble, au minimum, être une grande accumulation d’erreurs en très peu de temps.

Afrik : Vous êtes vous acquittés de la facture de cette réinstallation?

Hervé Mbouguen : Bien sûr ! Sans avoir perdu du temps et malgré tout, il nous était impossible de pouvoir accéder à notre serveur jusqu’à 20 h ce vendredi. Et ce n’est que le dimanche matin qu’il a fini (l’hébergeur) par nous dire que le mot de passe n’avait pas changé mais en le composant, nous nous sommes rendus compte que tout notre contenu avait été effacé. Ce même jour, nous lui avons envoyé un mail pour savoir ce qu’étaient devenues nos données mais aucune réponse ne nous est parvenue jusqu’à ce jour.

Afrik : Quel est le préjudice pour Grioo ?

Hervé Mbouguen : Nous ne pouvons pas communiquer de chiffres même si nous n’avions pas de contrat publicitaire couvrant cette période. Par contre, nous nous voyons confrontés à un problème d’image et d’audience. De surcroît, cet incident a mobilisé toutes nos forces vives, et les négociations en cours pour des contrats publicitaires ou les travaux sur le contenu rédactionnel du site ont été stoppés et continueront à l’être une semaine encore. Cet incident nous aura donc coûté en image, mais aussi la moitié du mois, ce qui devrait se faire ressentir dès le mois prochain.

Afrik : Tout simplement ?

Hervé Mbouguen : Nos inscrits qui étaient de 30 000 avant le mercredi dernier sont passés à 26 000. Aussi, depuis cinq mois, nous n’avions plus d’archives et maintenant, comme tout a disparu, nous devrons réécrire tout à la main, ou du moins les articles les plus intéressants.

Afrik : Quand pensez-vous rouvrir?

Hervé Mbouguen : Déjà, je tiens à dire que nous recevons depuis la semaine dernière, beaucoup de messages de sympathie. Cela nous fait énormément plaisir. Concernant la date de l’ouverture, ce sera le 1er mars. Ce jour, nos internautes verront le site tel qu’ils l’auraient découvert le 17 février. Et comme pied-de-nez à nos détracteurs, il y aura une interview inédite.

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