Papa Wemba n’est pas condamnable


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L’affaire Papa Wemba est un faux procès, selon le président de la Centrale syndicale congolaise des artistes. Jeany Ibela-Ibel met en cause la responsabilité des consulats et leur manque de discernement dans l’octroi des visas. Au rang des solutions, il prône la libre circulation des artistes.

Responsable mais pas coupable. Pour le président de la Centrale syndicale congolaise des artistes, la justice française et belge font fausse route en inculpant le Roi de la rumba congolaise pour « traite des êtres humains ». Au centre d’une affaire de filière d’immigration clandestine, il est accusé d’avoir fait rentrer près de 300 personnes en Europe. Jeany Ibela-Ibel estime d’autre part qu’il ne faut pas faire d’amalgame et que les dérives enregistrées sont en grande partie imputables aux difficultés de circulation des artistes.

Afrik : Que pensez-vous de l’affaire Papa Wemba et des déboires de Jossart Nyoka Longo (Zaiko Nkolo Mboka)?

Jeany Ibela-Ibel : Sur le plan du droit, il n’y a pas lieu de procéder à une condamnation puisqu’ils ont demandé régulièrement leurs visas. Ils ont fait entrer légalement des personnes à l’intérieur des frontières européennes, avec de vrais documents. J’estime que le débat n’est, ici, ni qualifié dans le droit ni dans les faits. Le problème est que certaines personnes restent après l’expiration de leur visa.

Afrik : Qui faudrait-il incriminer ?

Jeany Ibela-Ibel : La faute au Consulat. Le consulat a la capacité de mener une enquête sur le terrain pour savoir si les demandeurs de visa sont réellement des artistes qui existent ou des personnes qui jouent un rôle dans le collectif amené à se déplacer. Ce qui serait une action plus concrète que de sanctionner aveuglément.

Afrik : Dans l’affaire Papa Wemba, il est question de 300 personnes que l’artiste aurait fait entrer en Europe. Personne ou presque n’a évoqué le rôle des consulats français et belges dans l’obtention des visas. N’y a-t-il pas tout simplement des complicités au sein des consulats pour obtenir les visas ?

Jeany Ibela-Ibel : C’est un débat que je ne maîtrise pas.

Afrik : N’y a-t-il pas une responsabilité des artistes eux-même ?

Jeany Ibela-Ibel : Les personnes sont en situation irrégulière dès lors que le délai de leur visa est dépassé. En ce sens les responsables du groupe sont condamnables. La première responsabilité revient au chef de groupe, la deuxième incombe à l’organisateur du spectacle ou au producteur. Ils doivent veiller à ce que tous les artistes qui se sont déplacés, rentrent effectivement au pays une fois qu’ils ont fini leurs prestations.

Afrik : Pourquoi les artistes, ou du moins les supposés artistes, s’évaporent-ils dans la nature une fois arrivés en Europe ?

Jeany Ibela-Ibel : C’est un problème d’état d’esprit. Tous les artistes ne veulent pas rester en Europe. Il faut simplement installer des garde-fous entre les artistes et les producteurs.

Afrik : Quelles solutions préconisez-vous ?

Jeany Ibela-Ibel : Au delà des enquêtes qui pourraient être menées au niveau des consulats pour établir si untel peut vraiment se prétendre artiste, on peut imaginer la création de cartes professionnelles. On pourrait également garantir la libre circulation des artistes. Si ces derniers peuvent à leur convenance aller et venir, il n’y a pas de raison pour qu’ils s’évaporent dans la nature. Les visas sont très difficiles à avoir. S’ils l’étaient moins, il y aurait moins de spéculations, de trafic et de marchandage. C’est la loi de l’offre et de la demande.

Afrik : Y a-t-il de réelles difficultés de circulation des artistes africains hors du continent ?

Jeany Ibela-Ibel : C’est un réel problème. On se heurte au refus catégorique de délivrance de visas. Parce qu’on suppose que. Les autorités on trop tendance à faire des généralités. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. On ne peut pas pénaliser d’une manière générale les artistes qui veulent donner des prestations professionnelles en Europe. C’est un droit au travail. Nos industries culturelles ne sont pas bien structurées et les artistes sont bien souvent amenés à se tourner vers les pays développés pour vivrent de leurs prestations artistiques.

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