Doublement démocratiser


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Le rapport mondial sur le développement humain réalisé annuellement par le Pnud vient de tomber et l’une de ses premières conclusions saute aux yeux : il faut démocratiser le monde, et le démocratiser doublement.

D’abord et avant tout, démocratiser les pays qui n’ont pas encore accompli leur mue démocratique. Le nombre de pays démocratiques a connu une forte hausse entre 1985 et 1995 : un quasi doublement, tandis que les pouvoirs autoritaires étaient deux fois moins nombreux. Depuis 1995, la démocratisation du monde marque le pas, très peu de pays sont passés d’un pouvoir autoritaire à une vraie démocratie respectueuse des droits humains. Le Pnud en appelle à une nouvelle vague de démocratisation, à laquelle toutes les nations doivent contribuer, car la démocratie passe aussi par la solidarité, l’exemple, la fraternité internationale. Aujourd’hui, le monde compte 82 Etats reconnus comme démocratiques et pluralistes, dont 29 en Afrique subsaharienne et 4 parmi les pays arabes.

Mais ce n’est pas tout : le mouvement de démocratisation ne s’arrête pas aux frontières des Etats, il doit aussi toucher les organisations internationales, et c’est là que le rapport du Pnud constitue la plus grande avancée. Il appelle en effet à des réformes concrètes pour que les institutions internationales fassent une plus grande place au monde en développement, qu’elles s’ouvrent aux populations défavorisées qui doivent pouvoir dire leur mot à la table des Nations Unies… Les décisions y sont trop souvent prises en petit comité au sein d’un club qui comprend les Etats-Unis, l’Union Européenne, le Japon et le Canada : il faut que les pays pauvres disposent d’une voix effective au chapître ! Cette démocratisation passe par la suppression du droit de veto au Conseil de sécurité, préconise le rapport, la modification du mode de désignation du directeur général du FMI et de la Banque mondiale, une ouverture effective de l’OMC…

Comme l’écrit Sakiko Fukuda-Parr, principal auteur du rapport, « Les citoyens ont besoin de croire que leurs représentants élus auront une chance équitable de défendre leurs intérêts vis-à-vis de décisions ou de politiques qui ont des répercussions sur leur vie et sur le bien-être de leur famille… » En un mot : que le niveau de vie des habitants de Bamako ne soit pas arbitrairement décidé par un fonctionnaire international new-yorkais d’origine allemande, alors que l’inverse serait aujourd’hui impossible. La citoyenneté mondiale vers laquelle nous allons réclame une démocratisation des institutions multilatérales : rien n’est simple, certes. Mais Cassandre n’a pas toujours tort. On l’a vu le 11 septembre dernier. Il arrive qu’à ne pas vouloir anticiper sur des changements nécessaires, ceux-ci s’imposent avec violence. Il est encore temps de l’éviter.

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