Les radios sénégalaises ne paient pas leurs artistes


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Drapeau du Sénégal
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Quatre radios privées sénégalaises diffusent les oeuvres musicales sans payer un sou à leurs auteurs. L’organisme chargé des droits d’auteurs (BSDA) leur réclame 56 millions de Fcfa. Devant l’intransigeance de ces radios, le Bureau Sénégalais des droits d’auteurs confie l’affaire à la justice.

Jeudi dernier, le BSDA, organisme indépendant chargé de la gestion du salaire des artistes, avait exhorté quatre radios privées sénégalaises Sud Fm, Walf Fm, Nostalgie et Téranga Fm de s’acquitter au plus vite de la somme de 56 millions de Fcfa, correspondant à l’exploitation des oeuvres artistiques. Seule Walf FM a régularisé sa situation. L’affaire est désormais aux mains de la justice.

La directrice du BSDA a estimé qu’elle avait pris la décision  » de ne plus s’étendre sur ce sujet maintenant que la justice a été saisie pour trancher sur cette affaire. La radio Sud Fm a suscité des problèmes fâcheux au point de remettre en cause le principe même des droits d’auteur, en invoquant des questions de promotion des artistes « , ajoutera t-elle toutefois.

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Les radios devaient payer environ 56 000 millions de Fcfa. Cette somme correspond au total de leurs dettes. Téranga FM par exemple, doit environ 5 millions et demi tandis que Nostalgie à raison de trois millions l’année en doit neuf. Si Wal fadjiri vient tout juste de régler la somme après d’âpres négociations, c’est loin d’être le cas de Sud FM, car bien qu’elle ait déjà versé un acompte d’un million il y a deux ans, elle devra encore débourser pas moins de 37 millions.

Ces montants forfaitaires sont établis par le BSDA sur la base des informations que lui fournissent les radio-diffuseurs. Ce qui peut poser problème, car le BSDA n’est pas en mesure (avec son effectif de 20 personnes) de vérifier la véracité des informations transmises par les radios et relatives aux oeuvres utilisées et à leurs auteurs.

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Mme Diaby Siby avait à maintes reprises déploré le fait que les radios utilisent une oeuvre sans verser les sommes dues aux artistes, d’autant plus que cela les placent dans une situation de contrefaçon aux yeux de la loi. Malgré tout, le BSDA se refusait jusqu’alors à en arriver à ce stade pour des raisons de préservation de la liberté de la presse. Avec cette intervention des tribunaux, il semble qu’un pas ait été franchi dans cette affaire.

Ces dernières années, le paysage radiophonique sénégalais s’était enrichi avec la création de plusieurs radios privées. Ces initiatives étaient applaudies par le public sénégalais pour qui la radio est ancrée dans les habitudes quotidiennes. Ce phénomène a contribué à l’éclosion de nombreux artistes locaux.

L’interdiction d’émettre, pour l’une ou l’autre de ces radios, serait mal venue pour les auditeurs sénégalais. Pour montrer sa détermination, le BSDA avait pourtant déjà suspendu, il y a peu, Téranga FM, la station saint-louisienne. L’avertissement aura été entendu !

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