Célébration du 50e anniversaire de l’indépendance : Profil bas à Alger, battage médiatique à Paris


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Dans quatre mois, l’Algérie célébrera le 50e anniversaire de son indépendance et, dans quelques jours, celui des Accords d’Evian. Les autorités nationales ne semblent pas avoir pris rendez-vous avec ces dates si chères dans la mémoire des Algériens en ne programmant aucune manifestation. De l’autre côté de la Méditerranée, par contre…

A quatre mois de la célébration du cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale et à quelques jours seulement de celle du cessez-le-feu du 19 mars 1962, l’Algérie officielle affiche un incroyable profil bas. Le ministère des Moudjahidine, érigé en gardien de la mémoire révolutionnaire algérienne, a furtivement déclaré, hier, que son département a ficelé un programme de festivités. Mohamed Chérif Abbès ne dit évidemment pas un mot sur la nature de ce programme ni sa thématique. On apprendra, par une voie détournée, que ce programme devrait être soumis à l’approbation du gouvernement.

Quand ? Mystère… Eh oui, il y a chez les régimes un grand souci de contrôler la matière et filtrer ce qui devrait être dit et diffusé et ce qui devrait rester dans la rubrique des secrets bien gardés de la Révolution.

Mais au-delà de cette autocensure liée à l’écriture de l’histoire de la Guerre d’Algérie et qui est consubstantielle aux gouvernements successifs depuis 1962, on perçoit cette volonté de ne pas incommoder l’ancienne puissance coloniale à travers une célébration percutante et décapante. Il est clair que ce régime qui a succédé à l’ordre colonial depuis 1962 – même si les hommes changent – n’est pas très à l’aise pour faire le procès à la France à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance, ou tout au moins rappeler l’horreur que fut la colonisation. Cela saute aux yeux. Le fait est que des millions d’Algériens sont contraints de suivre quasi quotidiennement un ersatz d’histoire de leur Révolution, servi dans un package très français et nettement révisionniste, dans les médias de l’Hexagone. Et que font les institutions et médias algériens ? Rien ou si peu.

Profil bas à Alger, battage médiatique à Paris

Il est alors politiquement déplacé et moralement malhonnête de reprocher aux Français de réécrire à leur convenance l’histoire de la Guerre d’Algérie. Après tout, c’est de bonne guerre dés lors que l’Algérie officielle a quitté inexplicablement le terrain du débat contradictoire sur sa mémoire et son histoire.
Pourtant, les algériens ont toutes les raisons du monde d’être fiers de la lutte épique et héroïque menée par de valeureux combattants comme Abane Ramdane, Hassiba Ben Bouali, Ben M’hidi, Malika Gaïd, Didouche, Ourida Medad et Ben Boulaïd. Or ce 50e anniversaire, tel qu’il se «fête» sous nos yeux, est le moins que l’on puisse dire complexant.

L’Algérie officielle semble vouloir expédier cette halte historique – qui aurait pu servir pour faire le grand bilan de l’indépendance – comme si elle avait quelque chose à cacher aux nouvelles générations. Elle préfère laisser le soin à l’ancien colonisateur de louer «la présence positive de la France en Algérie»… Mais, fallait-il attendre un sursaut d’orgueil de la part d’un régime qui a accepté d’envoyer, ironie du sort et de l’histoire, son ministre des Affaires étrangères à l’Assemblée française pour se faire interroger ? Cette convocation donnait en effet un avant-goût de ce que sera la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance.

Ce jour-là, Mourad Medelci rassura les députés français qu’il n’est pas question que les festivités algériennes se fassent dans un «esprit revanchard». Comprendre : c’est promis, le gouvernement n’a pas l’intention de remuer le couteau dans le dos de l’ancienne puissance coloniale… Ce sera donc une célébration sans tambour ni trompette.

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