Ascension du Mont Cameroun : « la fête était belle »


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Un entretien avec Monsieur Jacques Sébastien MBOUS, Président de la Fédération Camerounaise d’Athlétisme, sur le pari gagné pour l’organisation de la 17ème édition de l’Ascension du Mont Cameroun (la Course de l’Espoir) tenue le 18 Février 2012 dans la ville de Buéa.

Monsieur Jacques Sébastien MBOUS, comment définissez-vous l’Ascension du Mont Cameroun ?

Jacques Sébastien MBOUS :
l’Ascension du Mont Cameroun est une véritable épreuve d’endurance, qui s’apparente au marathon par sa distance, et se confond à l’alpinisme par son volet ascensionnel.

Pouvez-vous nous décrire le parcours emprunté par les athlètes?

Jacques Sébastien MBOUS :
Le parcours emprunté par les athlètes, notamment dans la montagne, on observe une variation dans la composition de l’air. La fraction d’oxygène diminue au fur et à mesure que l’on se rapproche du sommet.

La première étape, après les hauteurs de la ville conduit les athlètes au premier refuge. Niché dans la zone forestière du massif montagneux, ce tronçon est jalonné de grands arbres qui forment une forêt dense et humide. Les chants des oiseaux y sont rares, et le ciel à peine visible.

Le 1er refuge est à 1875 m d’altitude.

Les athlètes sortent de la végétation pour rentrer dans la zone de savane. Un paysage jaunâtre s’offre à perte de vue. Là commence pour les athlètes, le chemin de croix. La pente est raide, le sol rocailleux, et la température de plus en plus basse.

Un point de repère, un arbuste « magic tree » (arbre magique). Ainsi l’ont surnommé les autochtones. Au milieu d’un sol aride, cet arbuste indique le 2ème refuge, qui est à une dizaine de mètres. A cette étape, la température oscille autour de 10° C.

Au 3ème refuge, l’oxygène se raréfie. A 3740 mètres d’altitude, la température se situe entre 2° C et 5° C.

Entre le 3ème refuge et le sommet, les athlètes sont bercés par un vent glacial permanent. On dirait la délivrance, malgré le 0° C. Ensuite, la 2ème phase : la descente à haut risque.

Pouvez-vous nous présenter le Mont Cameroun « Le Char des dieux », site par excellence de cet événement sportif international et annuel ?

Jacques Sébastien MBOUS :
Le Mont Cameroun est un volcan, situé au Sud-Ouest du Cameroun. Il culmine à 4095 mètres d’altitude. Il est considéré comme le 10ème sommet africain. Le Mont Cameroun est le volcan le plus actif de l’Afrique subsaharienne. Ses cônes ont parfois émis des coulées de lave. Le nom Mont Cameroun vient des portugais qui en découvrant en 1472 au fond de la baie de Biaffra, l’embouchure du fleuve Wouri où se trouvait une abondance de crevettes, qu’ils baptisèrent ce fleuve « Rio dos Cameroes » (la rivière des crevettes). Sur le Mont Cameroun où la pluviométrie est élevée (près de 15 m par endroit), on peut distinguer, en fonction de l’altitude et de la pente, quatre zones :

 de 0 à 1200 m : la pente du volcan est faible. C’est la zone des habitations et des cultures ;

 de 1200 m à 2000 m : la pente s’accentue, les cultures sont ponctuelles (macabos, ignames, maïs) ;

 de 2000 à 2800 m : une zone de falaises ;

 de 2800 m au sommet (4095 m), la pente est importante (10 à 15 °), la prairie d’altitude.

Un texte, vieux de 25 siècles, d’un général carthaginois, Hannon, serait, pour plusieurs historiens, la première citation du massif volcanique du Cameroun. Hannon décrit ainsi le paysage : « Nous côtoyâmes une terre odoriférante et embrasée, d’où sortaient les torrents de feu qui se précipitaient dans la mer. Le sol était si brûlant que les pieds ne pouvaient en supporter la chaleur. Nous nous éloignâmes au plus vite de ces lieux, et nous continuâmes notre voyage. Pendant quatre nuits, la terre nous parut couverte de feux, du milieu desquels s’en élevait un qui semblait atteindre jusqu’aux astres. Au jour nous reconnûmes que c’était une haute montagne nommée « Char des dieux ».

Quelle était la spécificité de la 17ème édition de la Course de l’Espoir ?

Jacques Sébastien MBOUS :
Cette année, cette compétition s’est déroulée dans un environnement différent. Il y a l’année 2012 qui est d’abord l’année de la célébration du cinquantenaire de la réunification du Cameroun à Buéa, précisément, où s’est déroulé l’événement. 2012 est aussi l’année de lancement de la politique des « Grandes Réalisations » du Chef de l’Etat. Et puis 2012 est l’année olympique. C’était un contexte tout à fait particulier. Et le thème retenu cette année « Unis dans l’Espoir » renvoie à l’espoir. Cette compétition a sans doute suscité un espoir auprès des populations camerounaises et des participants étrangers.

Combien d’athlètes avaient participé à ce moment privilégié de rencontre avec le « Char des dieux » ? Et quelle était la distance de la compétition ?

Jacques Sébastien MBOUS :
600 athlètes, seniors dames et messieurs avaient pris le départ de la 17ème édition de la Course de l’Espoir et avaient parcouru 38,2 km. Le Molyko Stadium était le point départ et d’arrivée.

Qu’est-ce qui selon vous avait rendu la fête belle ?

Jacques Sébastien MBOUS :
La fête était belle déjà parce que le Ministre des Sports et de l’Education Physique avait fait tout pour que les choses se passent correctement.

C’est l’une des rares fois où trois fois d’affilées, le Ministre lui-même a présidé les réunions préparatoires. Et contrairement aux éditions précédentes, nous avions reçu une partie des moyens financiers une semaine avant l’évènement. Nous avions fait tout pour que tout se passe bien. Mais tout œuvre humaine a des imperfections. En ce qui nous concerne, nous avions fourni tous les efforts pour que tout se passe correctement. Et nous nous en réjouissons !

Un bref historique de l’Ascension du Mont Cameroun…

Jacques Sébastien MBOUS :
Pour la petite histoire…
De 1973 à 1990, l’ascension du Mont Cameroun est ce qu’on appelle dans le jargon du milieu, une course de montagne. Les concurrents prenaient le départ au pied de la montagne, pour atteindre le sommet et redescendre. Soit une épreuve de 27 kilomètres en aller et retour. Environ 50 participants à l’édition inaugurale, le nombre ira croissant au fil des années, pour passer à 100, plus tard à 350. John EKEMA, fils du village remportait la toute première édition, avec un chrono de 5 heures 47 mn.

C’est en 1983 que l’épreuve d’endurance par excellence, est élargie au sexe dit faible. Emilia MOJOKO NGONDJA, entre dans les annales comme la première dame à inscrire son nom en lettre d’or, dans le palmarès de la catégorie.

Depuis 1990, sous la bannière de la Fédération Camerounaise d’Athlétisme (qui s’approprie l’organisation générale), le point de départ et d’arrivée est fixé au Stade municipal de Molyko. La distance de la compétition passe de 27 à 38 km, soit une rallonge de 11 km. L’année 1990 est surtout celle qui annonce la nouvelle périodicité. La société brassicole Guinness Cameroun, sponsor officiel de l’évènement, décide de la tenue de ce rendez-vous socioculturel et sportif, tous les deux ans. Mais en 1992, Guinness Cameroun se retire et l’organisation connaît un coup d’arrêt. Il a fallu attendre 1996 pour revivre l’expérience des athlètes qui vont défier le Char des dieux.

En 1996, sous l’impulsion du Président de la Fédération Camerounaise d’Athlétisme de l’époque, le Colonel Hamad KALKABA MALBOUM, l’Ascension du Mont Cameroun devient « La Course de l’Espoir ».Le parcours est réaménagé et épouse les normes d’un marathon. On passe de 38 à 42 km. Le nombre de participants est également revu à la hausse. On tutoie les 500 participants.

Peut-on savoir les différents vainqueurs de la 17ème édition de la Course de l’Espoir ?

Jacques Sébastien MBOUS :
Les heureux élus de la 17ème édition de la Course de l’Espoir sont :

 Mme Yvonne NGWAYA : 1ère chez les femmes

 M. Godlove NGABSIBUIN : 1er chez les hommes

 Mlle AFOR TENYE TUMBAN : élue Miss Course de l’Espoir 2012

 Mlle EPOSI DAISY EZEUKWY : 1ère Dauphine

 Mlle AYUK CECILE BESONG OROCK : 2ème Dauphine

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