Sénégal : le bras de fer se durcit


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Ce mercredi, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés à quelques encablures du palais présidentiel pour protester contre la candidature d’Abdoulaye Wade à un troisième mandat. Un rassemblement dispersé violemment par les forces de l’ordre.

Un pas a été franchi ce mercredi dans le bras de fer engagé entre Abdoulaye Wade et les forces vives réunies au sein du M23. Depuis plusieurs jours, le mouvement du 23 juin menaçait de rallier la place de l’Indépendance, le cœur de Dakar, mais, se heurtant à une forte présence policière, finissait par y renoncer. Cette fois, les opposants, lesquels persistent à exiger le retrait de la candidature du sortant Abdoulaye Wade à un troisième mandat, ont opté pour le rapport de force.

Comme pour le sit-in permanent voulu mardi par les jeunes du mouvement « Y en a marre » place de l’Obélisque, le ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, l’un des faucons du régime, avait choisi d’interdire la marche. Sans doute dissuadés par un impressionnant dispositif de sécurité et déçus par la tournure des derniers évènements, ils sont peu nombreux à répondre à l’appel du M23 devant le siège de la Radiotélévision sénégalaise (RTS) en fin de matinée. « Cette marche est autorisée par le code électoral car celui-ci permet à tout candidat d’organiser pendant la campagne électorale des manifestations sur l’ensemble du territoire », lance Ibrahima Fall, candidat indépendant à l’élection présidentielle du 26 février, devant une nuée de journalistes.

Vers midi, les premiers incidents éclatent. Ibrahima Fall, accompagné de ses gardes du corps et d’une poignée de partisans, fait mine de franchir l’esplanade et d’avancer pour rejoindre la Place de l’Indépendance, distante de 5 kilomètres. La gendarmerie se déploie immédiatement pour bloquer la route, matraque et bouclier en main, et quelques grenades lacrymogènes sont lancées. Dans le désordre qui suit, des groupes d’opposants parviennent à rejoindre à pied la Place de l’Indépendance, où un autre candidat d’opposition, Cheikh Bamba Dièye, harangue quelques centaines de personnes, sous l’oeil de nombreux curieux. Pendant ce temps-là, Idrissa Seck et ses gardes du corps cagoulés restent bloqués au niveau du rond-point Sandaga. Alors que la foule grossit place de l’Indépendance et scande des slogans hostiles à Abdoulaye Wade, la police prend le parti de barrer l’accès à la Présidence.

Ibrahima Fall rejoint le jeune maire de Saint-Louis. Les deux hommes dénoncent la « violation de leurs droits constitutionnels » tout en appelant leurs partisans à « ne pas céder aux provocations ». Tout à coup, un policier dégoupille au sol une grenade lacrymogène au beau milieu des manifestants. Les jets de pierres répondent à la pluie de grenades lacrymogènes et aux tirs de balles en caoutchouc. Un canon à eau chasse les derniers opposants de la place de l’Indépendance. Les affrontements se répandent dans le quartier. « Nous assistons à la naissance d’une dictature au Sénégal », déclare Alioune Tine, célèbre défenseur des droits de l’homme en Afrique de l’Ouest et coordonnateur du M23. Alors que le calme est revenu, le chanteur Youssou Ndour fait une brève apparition. Juché sur le toit de son 4×4 aux vitres fumées, la star parade devant quelques fans et de nombreuses caméras. « Le Sénégal a besoin de se libérer, de retrouver sa démocratie », dit-il. Avant de conclure comme à son habitude sur un ton offensif : « la prochaine fois, nous irons jusqu’au bout ».

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