Mali : deux otages au passé mystérieux


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Trois étrangers ont été enlevés et un autre tué vendredi à Tombouctou, nord du Mali, tandis que les deux français kidnappés la veille dans le sud du pays restent introuvables. Ils sont désormais neuf étrangers à être otage. Toutefois, de sérieux doutes planent sur la réelle activité des deux « géologues » français.

Trois européens, dont on ignore encore les nationalités, ont fait, vendredi, les frais d’un enlèvement en plein cœur de Tombouctou, nord du Mali, alors qu’un autre a été tué pour avoir essayé de résister. Le rapt s’est produit sur la place centrale de Tombouctou, a indiqué dans un communiqué le ministère malien de la Sécurité et de la Protection civile.

Jeudi, vers 01H00 (locale et GMT), deux Français, Philippe Verdon et Serge Lazarevic, ont été enlevés à l’hôtel « Le Dombia » à Hombouri, sud-ouest du Mali, entre Mopti et Gao. Des hommes armés les auraient emmenés vers une destination inconnue. Les soldats français, épaulés par l’armée malienne, tentent toujours de les retrouver. Pour l’heure, cinq personnes, dont le guide des Français, ont été interpellées jeudi, selon des sources policières. Mais la presse malienne et la classe politique commencent sérieusement à se poser des questions sur la réelle activité des deux Français arrivés officiellement au Mali en tant que « géologues ».

Un passé bien chargé

A leur arrivée à l’hôtel, Philippe Verdon et Serge Lazarevic n’ont pas rempli de fiche de renseignements. Toutefois, leurs noms ont été consignés par la direction de l’établissement dans un cahier où figure un ordre de mission. Le nom de Philippe Verdon apparaît comme étant « chef de mission » et celui de Serge Lazarevic comme « chef minier », a constaté l’AFP. L’information donnée au préalable, à savoir que les deux hommes étaient envoyés par la banque mondiale a été démentie par l’un de ses portes-paroles : « Nous n’avons pas connaissance que du personnel ou des consultants du Groupe de la Banque mondiale travaillant dans cette zone puissent être concernés. »

En effectuant des recherches, on s’aperçoit que les deux acolytes ont un passé plutôt étrange. Philippe Verdon aurait été arrêté en 2003 aux Comores pour une tentative de putsch et en 2010 à Madagascar. Quant à Serge Lazarevic, il a été, en 1999, accusé par la justice serbe d’avoir tenté d’assassiner l’ancien président serbe, Slobodan Miloševi?. Les services secrets français seraient directement mêlés à cette affaire. Deux ans auparavant, Lazarevic aurait participé au recrutement de mercenaires yougoslaves pour aller combattre dans l’ex-Zaïre – aujourd’hui devenu la République démocratique du Congo – afin de soutenir le régime de Mobutu, rapporte le quotidien Libération.

A qui la faute ?

Bien qu’aucune revendication n’ait encore été exprimée, les regards se fixent sur « Al-Qaïda au Maghreb islamique » (AQMI). A en croire certains, les ravisseurs pourraient même être des « sous-traitants » d’AQMI telle une véritable entreprise. Bref, tout cela risque fortement d’agacer le gouvernement malien. Dans un reportage réalisé par Afrik.TV, le secrétaire général du parti de la Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI) précise que cet enlèvement est la manifestation d’un mécontentement envers la politique française. Il estime que la France est trop présente en Afrique et qu’elle constitue l’élément déclencheur des actes terroristes commis sur le continent. Ailleurs, des voix s’élèvent pour savoir ce que les deux Français sont vraiment venus chercher au Mali.


Mali : Réactions d’hommes politiques malien… par afriktv

Alors que les uns demandent plus d’informations sur les circonstances de cet enlèvement, les autres accusent la France de vouloir diaboliser le Mali comme étant le nouvel eldorado du rapt d’étrangers.

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