Manifestations anti-Wade : les Sénégalais de Paris aussi


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Dans le fourgon de police

Alors que Dakar s’embrasait, les opposants au projet de réforme de la Constitution du président sénégalais Abdoulaye Wade ont voulu manifester à Paris aussi. Mais la police française ne semble pas l’entendre de cette oreille.

Il ne fait pas bon protester, à Paris, contre le projet de réforme de la Constitution annoncé la semaine dernière par le président sénégalais Abdoulaye Wade. Plus de 200 manifestants ont été embarqués par la police ce jeudi après-midi alors qu’ils se trouvaient devant l’ambassade du Sénégal, rue Robert Shuman, à Paris. Quand ils s’apprêtaient à pénétrer dans l’ambassade, un policier leur aurait dit de changer de trottoir puis demandé leur autorisation de manifester. N’en n’ayant pas, ils ont été arrêtés, a confié une manifestante franco-sénégalaise à Afrik.com, jointe par téléphone alors qu’elle se trouvait enfermée dans un fourgon de police. «Ils nous empêchent de manifester pour des raisons qui concernent notre pays», s’est-elle plainte, estimant qu’elle et les autres protestataires avaient été piégés par les forces de l’ordre puisqu’en traversant d’un trottoir à l’autre ils étaient passés du territoire sénégalais au territoire français où ils pouvaient être appréhendés en toute légalité. «Ils font tout ça pour nous démotiver», a analysé la jeune femme qui, cependant, n’a rien perdu de sa détermination.

La veille, une cinquantaine de manifestants avait été arrêtée par la police, rue Hamelin, devant le consulat du Sénégal. Ils ont été libérés dans la soirée, et ce matin pour les derniers d’entre eux. Ils s’étaient donné rendez-vous via le réseau Facebook[Les photos publiées dans cet article sont celles que les manifestants ont prises hier et qui nous ont été envoyées ce jeudi]]. Commentant, sarcastique, la célérité avec laquelle les autorités française avaient mis fin aux contestations des opposants sénégalais, l’un des protestataires nous confiait ce jeudi qu’il ne fallait pas s’attendre à moins dans un pays où le chef de l’Etat avait [ostensiblement présenté à Barack Obama au dernier G8, à Deauville, le fils de son ami Abdoulaye Wade. Karim, que nombre de Sénégalais soupçonnent d’être celui qui aurait bénéficié du poste de vice-président que tentait d’instaurer le père par la réforme de la Constitution.

Dans le fourgon de police

Les manifestations à Paris font écho au large mouvement de protestation qui, depuis le week-end dernier, secoue le Sénégal. Des milliers d’opposants (en majorité des jeunes) au projet de réforme du président Wade, ont affronté ce jeudi les forces de l’ordre dans la capitale. Les manifestants ont lancé des pierres pour répondre aux bombes lacrymogènes et aux canons à eau de la police et de nombreuses scènes de course poursuite à Dakar. Ils étaient des milliers, dès le matin devant le Parlement où ont eu lieu les heurts les plus violents, à crier leur colère face à des partisans du pouvoir, moins nombreux. Thiès, Saint-Louis, Louga, Ziguinchor… plusieurs villes du pays ont connu des troubles. Ce jeudi soir, le projet du président Wade a été officiellement abandonné. La situation demeure cependant tendue au pays de la Teranga. Et les opposants de la diaspora sénégalaise à Paris mobilisés.

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Journaliste, écrivain, dramaturge scénariste et réalisateur guadeloupéen. Franck SALIN fut plusieurs années le rédacteur en chef d'Afrik.com
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