Burkina Faso: Luc Adolphe Tiao annonce la couleur


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Nommé lundi Premier ministre d’un Burkina Faso en panne, Luc Adolphe Tiao n’a pas encore dévoilé son équipe, mais a promis un casting de choc. Pour son futur gouvernement qu’il veut d’ouverture, compétence et sens de l’intérêt général, seront les deux principaux critères de choix de ses ministres, a-t-il assuré mercredi, dans une interview exclusive à la radiotélévision burkinabè.

De notre correspondant

C’est une première. Il n’a pas encore pris fonction officiellement, mais Luc Adolphe Tiao se dévoile. L’ancien journaliste, fait Premier ministre du Burkina Faso, lundi, a fait sa première sortie médiatique. Dans une interview exclusive accordée mercredi 20 avril à la Radiotélévision nationale, Luc Adolphe Tiao a esquissé les contours de son prochain gouvernement. « Nous allons faire un gouvernement d’ouverture. Nous allons faire appel à des compétences, ça c’est le premier critère principal », a-t-il annoncé, précisant qu’il accordait du prix au sens de l’intérêt général de ses futurs ministres.

Pour autant, le nouveau gouvernement burkinabè ne devrait pas être une auberge espagnole. Alors que la dernière équipe gouvernementale, limogée vendredi dernier, était critiquée pour son effectif pléthorique et budgétivore, Luc Adolphe Tiao a confié vouloir constituer une équipe restreinte faite de combattants. « Je pense que nous allons avoir une équipe resserrée. Nous allons avoir une équipe de combattants. Et j’espère que nous trouverons ces personnes là qui accepteront de se sacrifier pour que notre pays reparte rapidement. »

Ces critères ainsi édictés, signifient-ils que Luc Adolphe Tiao est déterminé à rompre avec la composition géo-ethnique du gouvernement, ce qui avait contribué à grossir les gouvernements précédents ? Quelle place, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès, le parti de Blaise Compaoré, va-t-il tenir dans cette équipe ? On n’en sait rien pour l’instant, mais Luc Adolphe Tiao assure avoir le blanc seing du Président Compaoré pour exécuter sa mission.

Lucide et optimiste

Dicté par la volatilité de la situation, ce casting de choc ne fait pas de place non plus à la langue de bois diplomatique. Et pour ce qui est de la crise au Burkina Faso, le Premier ministre se drape de ses habits de journaliste. « Je suis en accord avec tous les Burkinabè pour dire que sans doute quelque chose ne va pas dans notre société », concède-t-il, avant d’analyser plus loin : « Nous avons longtemps vécu dans cette ambiance de stabilité qui fait qu’on a oublié certaines choses, que nous aussi on peut devenir comme d’autres pays. Cette crise nous amène à la réalité pour nous dire que nous sommes comme tout le monde. »

Dans cet exercice de communication, Luc Adolphe Tiao, a refusé d’être le « messie » ou « l’homme providentiel » du Burkina Faso, préférant plutôt se montrer empathique de ses concitoyens. « Je ressens les mêmes choses que ressentent l’homme de la rue, les commerçants, les militaires. Je suis un homme du peuple», a-t-il confessé. Du reste, il ne désespère pas que ce dernier se reconnaisse dans l’équipe qu’il s’apprête à former.

Mais si Luc Adolphe Tiao semble avoir réussi avec brio son premier exercice, d’autres ondes venues de Paris pourraient brouiller la communication, voire sa mission. En visite à Paris, une source proche de la Présidence du Faso, à propos de la mutinerie militaire, a confié à Afrik.com, que « ce n’est pas l’armée qui s’est mutinée, mais une promotion dont la majorité des soldats sont issus de la diaspora ». A Ouagadougou, font remarquer certains observateurs avisés, pareille déclaration ne peut qu’envenimer davantage la situation déjà surchauffée, au moment le nouveau Premier ministre entend « recoller les morceaux cassés » d’un Burkina Faso divisé.

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