Côte d’Ivoire : Abobo à feu et à sang


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Abobo, le fief d’Alassane Ouattara à Abidjan, est depuis mardi le théâtre d’affrontements entre les forces de police et les populations. Cinq policiers et un civil ont été tués cette nuit, lors d’accrochages dans lesquels des armes lourdes auraient été utilisées. Et mardi après-midi, deux civils et deux policiers ont été abattus. Afrik.com a recueilli les témoignages d’habitants du quartier. Le médiateur de l’Union africaine doit de nouveau se rendre à Abidjan d’ici la fin de la semaine.

La situation demeure confuse ce mercredi à Abobo, fief d’Alassane Ouattara dans le nord d’Abidjan où les accrochages entre forces de sécurité et habitants ont fait six morts dont cinq policiers aujourd’hui. Après une nuit agitée, le quartier a été bouclé par les forces de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo, l’un des deux présidents proclamés de la Côte d’Ivoire. « J’ai eu la chance d’être sorti vers cinq heures du matin. Mais une heure après, il n’y avait pratiquement plus de circulation », affirme Arnaud [[Les noms des habitants d’Abobo qui se sont exprimés ont été modifiés.]], un habitant du quartier. « L’armée a pris position sur les points stratégiques comme les routes et la mairie. Pendant ce temps, des jeunes ont érigé des barricades sur les routes pour empêcher les camions des forces de l’ordre d’entrer dans le quartier. De nombreuses personnes n’ont pas pu se rendre à leur travail ce matin à cause des problèmes dus à ce blocage », indique Djibril, un autre habitant d’Abobo. « La nuit a été très dure pour nous. Personne n’a pu dormir. Nous avons veillé par peur, à cause des coups de feu », ajoute-t-il.
A l’en croire, des tirs à l’arme lourde et à l’arme légère ont éclaté tôt ce mercredi, vers 2 heures (1 heure GMT) et ont duré jusqu’au lever du jour. Il y aurait eu plusieurs morts. L’AFP a fait état de cinq policiers tués, victimes de « tirs à l’arme lourde », selon une source policière consultée par l’agence d’informations. Un agent de sécurité travaillant pour une banque, qui s’était réfugié sur le toit, a été également mortellement atteint par une balle.

Calme précaire

« Le calme règne par moment. Mais il est très précaire. Les forces de l’ordre semblent avoir repris le dessus. Mais de temps en temps, les militaires tirent en l’air pour empêcher les jeunes de se rassembler. J’ai vu deux camions de transports des troupes la brigade anti-émeute entièrement calcinés ce matin», indique Martial, un troisième témoin. Un autre habitant du quartier interrogé par l’AFP a mentionné lui, la présence de quatre véhicules de police qui brûlaient avec quatre cadavres de policiers à l’intérieur.

Des affrontements similaires avaient éclaté mardi dans le même quartier. Au moins deux civils avaient été tués par balle. Depuis début décembre, les habitants d’Abobo ont régulièrement accusé les forces de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo d’investir les maisons, notamment la nuit, pour y procéder à des enlèvements qui se seraient soldés par des assassinats extrajudiciaires. Le camp Gbagbo a démenti ces accusations, expliquant que ce sont les partisans de Ouattara qui ont tué plusieurs policiers. Le Temps, un journal proche de Laurent Gbagbo, a écrit ce mercredi qu’Abobo a été «infiltré de combattants rebelles » qui ont tendu un traquenard aux forces de sécurité. Leur stratégie étant, selon le journal, d’occuper le quartier « et par la méthode de vases communicants, étendre leurs tentacules dans les autres communes du District d’Abidjan. »

Mardi, le camp Laurent Gbagbo a rejeté l’offre d’Alassane Ouattara de le rejoindre dans un gouvernement d’union nationale dont il serait le chef. Jusqu’ici les médiations menées par la Cédéao et l’Union africaine (Ua) entre les deux hommes qui se disputent la présidentielle ivoirienne n’ont rien donné. Le médiateur de l’Union africaine, le Premier ministre kényan Raila Odinga, est de nouveau attendu jeudi ou vendredi à Abidjan.

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