Biens mal acquis : le gouvernement camerounais défend Biya bec et ongles


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L’affaire des biens mal acquis crée d’importants remous à Yaoundé. Après un communiqué du Cabinet civil de la présidence de la République dénonçant la plainte de l’Union pour une diaspora active, déposée devant le parquet de Paris, le ministre de la Communication (Mincom) et porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, a dénoncé jeudi une « instrumentalisation de la justice française par des aventuriers».

De notre correspondante

Une enquête préliminaire contre Paul Biya pour « recel de détournement de fonds publics » a été ouverte par le parquet de Paris, suite à une plainte déposée par l’Union pour une Diaspora active, une association présidée par l’opposant camerounais Célestin Djamen, candidat à l’élection présidentielle de 2011. « Une campagne de dénigrement, de calomnie, de diffamation, d’accusation attentatoire à l’honneur de la nation et à son chef ! », pour le porte-parole du gouvernement Issa Tchiroma Bakary.

Dans un entretien diffusé sur la radio publique nationale, la Cameroon Radio Television (Crtv), et une conférence de presse tenue hier dans son cabinet devant les médias nationaux et internationaux, M. Tchiroma Bakary a déclaré que le président Biya se trouvait dans une grande quiétude malgré ces attaques. « Je tiens à préciser que le président de la République, son excellence monsieur Paul Biya, a une sérénité extraordinaire parce que tout ce bruit, tout ce vacarme autour de son nom est sans fondements et voulu par des gens sans épaisseur politique et qui se sont déjà prononcés comme candidat à l’élection présidentielle de 2011. Parce que ne représentant rien dans notre pays, ils sont en train d’instrumentaliser la justice française et veulent à partir de cette plateforme dire quel est leur programme politique »

« ils ne méritent plus la nationalité camerounaise ! »

Le Mincom précise que cette plainte n’étant pas initiée par Transparency international, mais des Camerounais de la diaspora, ne peut être prise en compte et encore moins au sérieux. « Ce sont des Camerounais sans épaisseur politique qui s’agitent pour leur propre compte. Ils jettent l’opprobre sur la nation et livrent celle-ci à la vindicte internationale», a-t-il déclaré. Un argument qui semble bien contradictoire avec les attitudes habituelles du Mincom. On se souvient en effet qu’il n’a jamais hésité jamais à remettre en cause un classement ou une information donnée par une Ong fusse-t-elle reconnue sur le plan international. Aujourd’hui, il aurait de loin préféré que cette plainte soit introduite par une organisation non gouvernementale du type Transparency international plutôt que par un Camerounais, qui plus est de la diaspora, « sans épaisseur politique » et totalement inconnu sur le plan national. « Honte à ces Camerounais et pour ce qu’ils font, car désormais ils ne méritent plus la nationalité camerounaise ! » s’est insurgé Issa Tchiroma.

Le Mincom en a profité pour pointer du doigt également la presse internationale française : « C’est RFI, TV5, i télé, LCI, toutes les télévisions et radios françaises qui ont fait chorus à la démarche de cette Ong pour mal parler de notre pays. Nous tenons à utiliser les mêmes canaux pour dénoncer leurs accusations, pour une nécessité de parallélisme de forme », a-t-il déclaré. Avant de conclure que « Le Cameroun n’est pas un état bananier et ne le sera jamais». En attendant qu’une suite soit donnée à la plainte de l’Union pour une Diaspora active, force est de constater que le gouvernement camerounais, même s’il se dit serein, n’apprécie pas du tout les coups de poignard venus de la diaspora.

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