Les Américains traquent les génies algériens sur le web


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arton20298

Si les cerveaux algériens s’en vont à l’étranger, c’est parce qu’ils sont mieux payés et reconnus. La preuve : les entreprises étrangères, surtout américaines, s’arrachent les génies qui mettent leurs inventions en ligne pour leur proposer des contrats en or.

Quand vous filmez avec votre téléphone portable, vous ne vous demandez pas qui a bien pu inventer une aussi petite caméra. Eh bien c’est un Algérien ! Il s’appelle Belkacem Haba. Comme d’autres petits ou grands génies algériens, il met en ligne ses inventions sur www.algerianinventors.org, un site qu’il a bien sûr, lui-même, créé. Maintenant, il habite en Californie… Car les entreprises étrangères, surtout américaines, surveillent de près toutes ses inventions. Pourquoi ? Imaginez que vous inventez un logiciel. Une entreprise vous recrute alors et vous fait signer un contrat stipulant qu’en une année, par exemple, vous aurez à fournir 10 idées qui feront l’objet d’un dépôt de brevet. Elle met ainsi la main sur un cerveau qui lui permettra de s’enrichir, en l’occurrence vous, et vous donne pour cela des milliers de dollars.

Le plus performant des Algériens en la matière, Belkacem Haba, détient ainsi pas moins de… 188 brevets d’invention dans le domaine de l’électronique, essentiellement aux Etats-Unis et au Japon. Et son site, www.algerianinventors.org, vise à répertorier tous les chercheurs algériens, détenteurs de brevets, établis à l’étranger ou en Algérie. Objectif : créer une communauté. Résultat des courses : 405 noms d’inventeurs, détenteurs de 2021 brevets dans différentes disciplines scientifiques. Le taux de femmes algériennes détenant des brevets d’invention est de 14%. « algerianinventors.org a été lancé en novembre 2007 par un petit groupe d’Algériens résidant en Californie. Ces derniers ne sont affiliés à aucun organisme ou association, précise-t-il. Ils ont pensé qu’un tel site pourrait être utile à la communauté algérienne vivant à travers le monde en mettant en évidence la contribution d’un grand nombre d’inventeurs algériens qui restent pourtant totalement inconnus. »

Veille stratégique

Une initiative qui n’est pas du goût de tout le monde. Certains accusent les créateurs du site de veille stratégique. « Ce type d’organisation est fait pour voler les compétences algériennes pour le compte d’autres pays. Et ce soudain intérêt des Algériens installés aux Etats-Unis (juste après l’Algerian start-up initiative) ne m’inspire pas confiance, il y a anguille sous roche », nous a déclaré Karim, un blogueur. D’autres, en revanche, s’enthousiasment face à de telles initiatives, c’est le cas de Djamel Dib, directeur d’Ok Prod. « Je trouve cette initiative admirable, après l’initiative ASI (Algerian start-up initiative), c’est la seconde fois qu’un groupe d’Algériens résidant aux USA fait un geste pour nous,et je ne peux que me réjouir de ça. » Toujours est-il que le site n’est pas le seul à faire la promotion des chercheurs algériens.

L’Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI) a mis en ligne sur son site ), les différentes étapes pour breveter une idée ou déposer une marque. De quoi orienter l’inventeur au mieux. A condition d’être très nationaliste, car il faut compter 15 000 DA pour déposer une marque et 30 000 DA pour déposer un brevet. Aux Etats-Unis, cela revient au moins cent fois moins cher. Algerianinventors.org contient la façon de procéder pour breveter une invention aux Etats-Unis, mais aussi en Algérie, de quoi donner de l’espoir à tous ces chercheurs exilés et qui veulent pourtant contribuer d’une manière ou d’une autre à aider leur pays d’origine. « Il faut d’abord mettre en contact les Algériens installés à l’étranger et ceux vivant en Algérie et s’inspirer de la méthode adoptée par les Chinois et les Japonais, déclarait Haba à It mag, il y a quelques mois. «Les gouvernements de ces deux pays ont demandé à leurs ressortissants vivant à l’étranger et ayant créé des entreprises de mettre en place des filiales dans leur pays d’origine. C’est une manière de tirer profit des compétences vivant à l’étranger sans pour autant qu’ils soient obligés de revenir de façon définitive dans leur pays.»

Yasmine Bouchène pour El Watan

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