Les trente ans du Zimbabwe


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Le Zimbabwe a fêté, le 18 avril, son 30e anniversaire en tant qu’Etat indépendant. A cette occasion, le président Robert Mugabe a tenu un discours où il a appelé les Zimbabwéens à œuvrer pour la paix à l’intérieur du pays, tout en précisant qu’il avait l’intention de poursuivre la réforme agraire expropriant les fermiers blancs. Une déclaration qui illustre bien les contradictions de la politique du chef de l’Etat.

La date du 18 avril marquait un événement de première importance pour le Zimbabwe, le 30e anniversaire de son indépendance. Une date qui inscrit le pays dans une nouvelle dynamique, si l’on en croit les propos du président zimbabwéen Robert Mugabe qui a incité, dimanche, ses compatriotes à instaurer une paix durable dans le pays. Un appel à la réconciliation nationale et à la fin des tensions raciales et politiques afin de redresser une économie en ruine. « Nous devons entretenir un climat de tolérance et traiter les autres avec dignité, quels que soient leur âge, leur sexe, leur race, leur ethnie et leur appartenance religieuse ou politique. Les dirigeants du gouvernement d’union [formé en février 2009 avec l’ancienne opposition, NDLR] vous exhortent à cesser tout acte de violence », a-t-il déclaré. Ce discours plutôt modéré et étonnamment conciliant intervient deux ans avant les prochaines élections, auxquelles le président Mugabe, âgé de 86 ans, se dit vouloir participer.

Des propos qui semblent cependant contradictoires si l’on considère la loi économique d’ « indigénisation », proposée par le président Mugabe. Devant entrer en vigueur le 1er mars 2010, elle a été finalement déclarée « nulle et non avenue » le 15 avril dernier, par le premier ministre Morgan Tsvangirai, après deux mois de palabre. Cette loi stipulait que d’ici cinq ans, toutes les entreprises étrangères installées au Zimbabwe dont le capital est supérieur à un demi-million de dollars (370 000 euros) auraient dû avoir transféré 51 % de leurs parts à des Zimbabwéens. Une réforme qui tentait de corriger les inégalités héritées de la colonisation, mais qui a attisé les tensions raciales déjà vives dans le pays. Malgré cette marche-arrière officielle, les partisans de Robert Mugabe encouragent toujours cette indigénisation. «Ce n’est qu’un report », aurait déclaré Saviour Kasukuwera, ministre de l’Indigénisation et de la jeunesse.

Des paradoxes ancrés dans l’histoire du pays

Cette méfiance envers les étrangers, principalement les Occidentaux, n’est pas récente. En 2000, Robert Mugabe, passant outre un référendum qui avait rejeté le projet, a imposé sa loi de réforme agraire visant notamment à exproprier des propriétaires terriens blancs. Cette réforme, qui devait permettre un enrichissement des Zimbabwéens noirs, a eu des conséquences désastreuses, puisqu’elle a mis au chômage des dizaines de milliers de paysans.

Pourtant, lors de son arrivée au pouvoir, Robert Mugabe, alors élu premier ministre en 1980, avait été perçu comme un héros de l’indépendance aux yeux de tous, notamment des Occidentaux. Prônant à l’époque une redistribution pacifique des terres et assurant aux propriétaires blancs qu’aucune expropriation ne serait réalisée, son discours semblait celui de la réconciliation. Mais la montée en puissance des revendications de l’opposition et la réponse sans concession du chef de l’Etat (Robert Mugabe avait reconnu, en 1982, que le régime avait eu recours à la torture), avec notamment le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), et le passage en force de la réforme agraire, ont progressivement isolé le régime de Robert Mugabe.

Un isolement dont a été victime, au premier titre, la population zimbabwéenne, frappée de plein fouet par l’inflation et le chômage.

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