Kofi Yamgnane embarrasse le pouvoir togolais


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Le pouvoir togolais a restreint mercredi la liberté de réunion de Kofi Yamgnane. La veille, il avait aussi sommé le premier secrétaire de l’ambassade de France de quitter le pays, l’accusant de rencontrer trop souvent le candidat franco-togolais à la présidentielle de l’année prochaine. En réaction, Paris a demandé à un diplomate togolais de quitter la France. Kofi Yamgnane qui doit encore réunir des signatures d’électeurs pour valider sa candidature poursuit sa campagne.

Une brouille diplomatique oppose la France et le Togo. Mardi, le ministère togolais des Affaires étrangères a sommé Eric Bosc, premier secrétaire de l’ambassade de France à Lomé, de quitter le pays. Officiellement, le pouvoir togolais sanctionne des « activités incompatibles avec son statut ». Alors que sa fonction officielle est de suivre la politique intérieure du pays, Lomé reproche au diplomate français d’avoir rencontré plusieurs fois le franco-togolais Kofi Yamgnane, qui a annoncé sa candidature à l’élection la présidentielle du 28 février prochain. Un prétexte fallacieux estime le ministère français des Affaires étrangères. Pour le Quay d’Orsay, le diplomate n’a pas outrepassé ses missions. Il a même plutôt fait montre d’un « grand professionnalisme dans ses contacts avec tous les partis légaux ». Mardi, la France a décidé à son tour l’expulsion d’un diplomate togolais en poste à Paris, « par mesure de réciprocité », explique le Quay d’Orsay.

Pour Kofi Yamgnane, que France Info a pu joindre par téléphone mardi, cette brouille provoquée par Lomé traduit « la panique » dans laquelle sa candidature aurait plongé les autorités togolaises. Ingénieur des mines ayant fait ses études et une longue carrière politique en France, Kofi Yamgnane n’a pas cessé de critiquer vertement la gestion du pays par le clan Gnassingbé depuis qu’il s’est installé au Togo, il y a un an. Il déclare vouloir mettre son expérience au service du pays, et appelle la diaspora togolaise à le soutenir.

Ce qui n’est pas pour rassurer le président Faure Gnassingbé qui avait hérité du pouvoir de son père feu Gnassingbé Eyadema, et qui sera candidat à sa propre succession. «Kofi Yamgnane est un peu un ovni dont l’irruption sur l’avant-scène agace et inquiète en haut-lieu. D’autant qu’il parle beaucoup, et sur un mode incisif. Au fond, il est de bonne guerre de chercher à le disqualifier en le faisant passer pour le poulain de Paris », commente un initié des cercles de pouvoirs de Lomé, interrogé par L’Express.

Kofi Yamgnane interdit de réunions

Des rumeurs ont circulé mercredi sur la mise en résidence surveillée de Kofi Yamgnane. Joint au téléphone par le correspondant d’Afrik.com à Lomé, celui-ci a expliqué que le pouvoir avait seulement limité sa liberté de tenir des meetings. «Il m’a été interdit de tenir des réunions, et de rencontrer des chefs traditionnels. Par contre, il ne m’a absolument pas été interdit de sortir. Je circule normalement », a-t-il affirmé. Le Télégramme, un journal en ligne ajoute que des médias togolais proches du pouvoir ont également relayé une autre rumeur selon laquelle les partisans de Kofi Yamgnane achèteraient des cartes d’électeurs auprès des populations, dans le but de réunir les 20 000 signatures qu’il lui faut pour faire valider sa candidature.

A Paris, le consulat du Togo a durci les conditions d’obtention de visa pour les journalistes qui veulent suivre la préparation de l’élection. En novembre dernier, la représentation consulaire aurait refusé de délivrer des visas à quatre journalistes français qui voulaient suivre la campagne de Kofi Yamgnane. Désormais, les conditions d’obtention des visas pour les journalistes est plus compliquée. Il faut passer par le site internet de la représentation, un détour qui ne garantit aucun succès. Les reporters qui ont pu se rendre à Lomé, ont dû passer par le Bénin voisin.

En dépit du contexte délétère, Kofi Yamgnane a déclaré qu’il poursuivra sa campagne.

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