Le Gabon dans la tourmente


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« Je suis et je resterai toujours le président de tous les Gabonais », a déclaré solennellement le nouveau président de la République, Ali Bongo Ondimba, suite à la proclamation de sa victoire, jeudi après-midi, à Libreville. Dans le même temps, de nombreuses manifestations hostiles au nouveau pouvoir éclataient dans la capitale et à Port-Gentil, le fief de l’opposition. L’armée, largement déployée, tente de rétablir l’ordre. La France, inquiète pour ses nombreux ressortissants, appelle au calme.

La Gabon connaît une forte poussée de fièvre. De nombreux actes de protestation et des dégradations diverses ont été recensés cet après-midi dans plusieurs quartiers de Libreville, la capitale du Gabon, et en particulier près de l’Assemblée nationale et du Sénat. Suite à des manifestations anti-Ali Bongo à Kinguélé, des éléments des forces de l’ordre ont été déployés. Les habitants joints sur place faisaient mention de coups de feu à l’arme lourde. A l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, des incidents ont aussi éclaté cet après-midi dans au moins trois autres quartiers. Au nord de la ville, dans le quartier Plein-Ciel, des voitures ont été brûlées et des centaines de jeunes ont défilé en insultant Ali Bongo Ondimba et la France. A Nkembo, quartier populaire de l’est de Libreville, «des gens cassent ce qu’ils peuvent. Ils ont cassé des kiosques. Il y a du désordre», a affirmé par téléphone à l’AFP, un habitant. A Rio, à l’est de Libreville, des manifestations ont été signalées également. Nombre de manifestants scandaient des slogans anti-français et menaçaient de « tuer les blancs ». Mais c’est à Port-Gentil que la tension a été la plus forte.

Extrême tension à Port-Gentil

Peu de temps après la proclamation des résultats, le consulat général de France à Port-Gentil, dans le sud-ouest du pays, a été incendié par des partisans de l’opposition. Ils ont investi la prison de la ville et libéré les prisonniers. Manifestants et détenus se sont ensuite dirigés vers le centre-ville, où des barricades ont été dressées à l’aide de carcasses de voitures dans plusieurs rues de la ville, tandis que des pneus étaient brûlés sur la chaussée. En dépit de l’intervention des forces de l’ordre, la situation demeure tendue. Un couvre feu a été décrété.

La France appelle au calme

Paris « appelle au calme » au Gabon, à la suite des incidents qui ont suivi l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, ce jeudi, et notamment de l’incident du consulat français à Port Gentil. « Total et Schlumberger ont aussi fait l’objet d’attaques », selon le ministère des affaires étrangères. Le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, recommande aux ressortissants français de « rester chez eux ». Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a assuré qu’un « dispositif » était « prêt pour protéger les Français au Gabon » en cas de nécessité. Des Français auraient déjà été regroupés à la base militaire que possède leur pays à Port-Gentil. Au Gabon, la communauté française est estimée à quelque 10 000 personnes. M. Kouchner a annoncé cet après-midi que la France était en contact avec plusieurs des candidats à l’élection présidentielle, dont les trois principaux, à savoir le vainqueur désigné, Ali Bongo, et ses adversaires, André Mba Obame et Pierre Mamboundou.

Le fils aîné d’Omar Bongo Ondimba et son camp ont fêté leur victoire cet après-midi sur le Bord de mer, à Libreville. Ce soir, un calme précaire semble s’être installé sur le Gabon où aucun mort n’a officiellement été signalé au cours de la journée de troubles.

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Journaliste, écrivain, dramaturge scénariste et réalisateur guadeloupéen. Franck SALIN fut plusieurs années le rédacteur en chef d'Afrik.com
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