Burkina Faso : après le déluge, Ouagadougou dresse le bilan


Lecture 3 min.
inondationOuaga3.jpg
Illustration

Deux jours après la pluie diluvienne qui a englouti la capitale burkinabè, les eaux se retirent doucement, laissant découvrir l’ampleur des dégâts. Encore sous le choc, les victimes peinent à se remettre de leur journée cauchemardesque alors que les secours s’organisent timidement.

Notre correspondant au Burkina Faso

inondationOuaga4.jpgLe niveau des eaux a baissé, mais pas le nombre des victimes et des dégâts. Dans un communiqué diffusé hier, le gouvernement burkinabè a revu le bilan des dégâts à la hausse : 5 morts et plus de 150 000 sans-abris. Bilan provisoire qui devrait selon toute vraisemblance s’alourdir les jours à venir.

Lundi dans la matinée, beaucoup de quartiers de Ouagadougou ont été littéralement submergés. En moins de dix heures, le ciel a ouvert ses vannes à l’excès et a déversé 263 mm d’eau. Quantité record jamais enregistrée dans une ville burkinabè depuis 1919. Sous l’effet de la pression des eaux en furie, barrages et ponts ont cédé. Conséquences : des concessions englouties, le mur de l’hôpital national emporté, des bureaux des médecins et chambres de malades transformés en piscines olympiques. Depuis lors, les populations sont plongées dans le désarroi.

Les secours s’organisent difficilement

inondationOuaga6.jpgDans les écoles réquisitionnées par l’Etat burkinabè pour reloger les sinistrés, des milliers de sans-abris s’entassent dans des classes exigües. De plus, le gouvernement a procédé, mercredi, à la distribution de 25 tonnes de céréales aux victimes. Ces actions ont été jugées insuffisantes par les sinistrés. Dénonçant les conditions d’hébergement, certains d’entre eux ont abandonné les classes et ont préféré l’hospitalité de voisins ou d’amis épargnés par la catastrophe. « On nous a parqués dans des salles de classes où nous gelons de froid. Depuis que nous y avons été admis, on n’a eu que du pain et une boîte de sardine chacun. Alors j’ai préféré me réfugier chez un ami », témoigne Hamado Kaboré.

inondationOuaga7.jpgD’autres encore, las d’attendre des secours dignes, bravent l’interdiction de se rendre dans les maisons en ruine. Au péril de leur vie, ils espèrent exhumer quelques biens de leurs demeures délabrées. Revenue ce mercredi matin à son domicile pour récupérer quelques effets, l’une d’entre eux, Albertine Ouédraogo, en est repartie bredouille. Sa maison submergée la veille, ne s’est pas effondrée comme celles avoisinantes. Les eaux se sont retirées, mais plus rien ou presque de récupérable !

Le risque de voir surgir des maladies hydriques est réel

inondationOuaga5.jpgLa promiscuité, les conditions d’hébergement et les eaux stagnantes font craindre le une épidémie de choléra. Par ailleurs, l’une des centrales de traitement et d’approvisionnement en eau potable, qui représente 30% de la distribution d’eau courante de la ville de Ouagadougou, est hors service. Elle a pris l’eau de toute part. Du coup, la panique a gagné les populations convaincues par la rumeur que l’eau du robinet n’est plus potable. Malgré les assurances des responsables de la société, elles rechignent à la consommer.

inondationOuaga3.jpgAbsent du pays au moment des faits, Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso, a, à son retour de Libye, adressé aux sinistrés, « sa profonde compassion. » Cela suffirait-il à calmer bon nombre de Burkinabè, qui pointent un doigt accusateur sur la responsabilité de l’Etat dans cette situation ? En attendant, l’heure n’est pas à l’accalmie. La météo annonce des averses pour les jours à venir.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News