L’AFD mise sur les PME en Afrique


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Le développement de l’Afrique passe par celui du secteur privé, entre autres, par l’accès au crédit des petites et moyennes entreprises, laissées pour compte par le secteur bancaire traditionnel. L’Agence française de développement (AFD), qui a consacré plus de 1,5 milliards au pays africains en 2008, s’emploie à accroître son efficacité dans un domaine tout aussi prioritaire que l’agriculture, notamment dans un contexte de crise économique et sociale.

« Croissance, puissance des impacts de terrain et diversification des instruments et des partenaires », dixit le directeur général de l’Agence française de développement, Jean-Michel Severino, résument l’activité de sa structure en Afrique pour l’année 2008. L’agence, qui a présenté ce jeudi son rapport d’activité 2008, a consacré 40% de ses ressources, soit plus de 1,5 milliards d’euros aux pays africains. Comparé à 2001, elle a triplé en 7 ans ses engagements sur le continent, lesquels devraient atteindre 1,9 milliards en 2009.

Côté impact, l’accroissement de l’aide au secteur privé constitue une priorité pour l’AFD qui, depuis 2001, y investit au travers du Proparco, son institution financière. En 2008, 280 millions d’euros sont allés à l’entrepreneuriat en Afrique subsaharienne. Dans le cadre de l’Initiative pour le soutien de la croissance de l’emploi en Afrique, lancée en février 2008 au Cap, le fonds de garantie Ariz a été doté de 250 millions d’euros, tout comme le Fonds d’investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (Fisea) afin de permettre aux petites et moyennes entreprises (PME) d’accéder plus facilement au capital et au crédit.

Financer les PME

« Quand nous voulons intervenir dans les PME, soit nous prenons des participations dans une banque, soit nous avons des lignes de crédit qui sont fléchées vers ces dernières, ou nous nous adressons à de bons fonds d’investissements. » « Nous sommes un grossiste et nous avons besoins de détaillants (les banques) », a poursuivi Jean-Michel Severino, dont c’est le « métier » de financer des PME. Tout en opérant en étroite collaboration avec le secteur bancaire, l’AFD reste consciente de sa faible capacité à mettre à disposition des liquidités, surtout au profit des petits entrepreneurs. « L’ambition » de l’AFD, à travers le Fisea, établi dans le cadre de l’Initiative pour la croissance, est « de faire surgir une industrie du capital risque africain ».

Plus concrètement, la production et la distribution agricole est aussi un important domaine d’intervention de l’AFD. En 2008, l’agence a consacré 4,7 millions d’euros au développement de la filière de coton équitable en Afrique de l’Ouest et du centre. La subvention a été accordée à l’Association des producteurs de coton africains (Aproca). Les engagements de l’AFD dans l’agriculture sont un motif de satisfaction pour l’agence, notamment en cette période de crise. Même si l’optimise est de mise. En Afrique, « les forces économiques endogènes sont, tout au moins, aussi significatives que la demande extérieure », souligne le directeur de l’AFD qui estime que cet aspect est négligé en Afrique comparé à l’Asie, par exemple. Pas de récession sur le continent, selon les prévisions du Fonds monétaire international. Il y aura une « augmentation du PIB, mais pas par habitant ». La précarité est aggravée par les conséquences de la crise. « Plus un pays est fournisseur de ressources minérales et pétrolières, ajoute Jean-Michel Severino, plus le choc sera important. Plus un pays est fournisseur de biens et de services sur le marché régional, moins il sera affecté. Enfin, plus un pays est positionné sur du développement agricole, plus ses performances seront gouvernées par la qualité de la pluie ».

Renforcer la coopération décentralisée

En 2008, l’AFD a aussi fait preuve d’innovation en diversifiant ses partenaires et ses outils financiers, notamment en Afrique de l’Ouest. Résultat : le lancement du prêt municipal, une nouvelle étape dans la coopération décentralisée, dont les collectivités locales sont les principaux acteurs. Pour la première fois de son histoire, elle a octroyé un prêt à deux municipalités africaines. La capitale sénégalaise, Dakar, a ainsi obtenu en juillet 2008 le financement de son éclairage public qui a d’ailleurs fait polémique et poussé le patron de l’AFD à mettre en avant cet exemple. L’investissement municipal accroît la qualité des interventions « parce que le mode de définition des besoins est performant ». Il note qu’aucun technicien de l’AFD n’aurait pensé à un tel projet dans une ville où l’on s’éclaire avec des lampes à pétrole, où les élèves pourront dans un avenir proche étudier sous l’éclairage municipal. De même, des marchés de nuit sont susceptibles de voir le jour, participant ainsi aux recettes de la mairie.

Toujours en quête d’efficacité, autant dans son action que vis-à-vis du contribuable français, l’AFD a mis en place des critères objectifs de mesure de son action. Ainsi, sur les 4,5 milliards engagés en 2008, un tiers, indique-t-elle, constitue de l’aide publique au développement net.

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