Tchad : les rebelles repartent à la conquête de N’Djamena


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Trois jours après l’incursion des rebelles dans l’est du Tchad, les premiers combats au sol avec l’armée régulière ont eu lieu jeudi matin dans l’est du pays. Chacune des deux parties revendique la victoire dans cette bataille. La France a appelé le Conseil de sécurité de l’Onu à condamner « fermement » cette offensive des rebelles. Une attaque menée depuis le Soudan au lendemain de la signature d’un accord de paix entre les deux pays.

Rebelles et forces loyalistes se sont affrontés, ce jeudi au nord de la localité de Goz Beïda, pour la première fois depuis l’incursion des rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR) le 4 mai. Difficile, pour l’heure, de dire laquelle des deux parties a gagné ces combats. Si les deux camps confirment la tenue de « violents combats », ils affirment chacun les avoir remportés. « L’armée est aux trousses des rebelles », qui se replient vers le Soudan, a indiqué Mahamat Hissène, le porte-parole du gouvernement tchadien, joint par Afrik.com. Celui-ci a précisé que les combats se sont déroulés à Am-Deressa, à 10 km au sud d’Am-Dam (à près de 700 km de la capitale N’Djamena).

« Les combats ont été violents et ont duré des heures », confirme Abderaman Koulamallah, le porte-parole de l’Union des forces de la résistance (UFR), qui réunit neuf groupes rebelles. Ils affirment, contrairement au ministre, que la victoire leur est revenue. « Les troupes gouvernementales sont en totale débandade. Nous sommes plus de 1 000 véhicules », déclare-t-il. « Nous occupons totalement Am-Dam. L’objectif reste N’Djamena ».

« L’armée est en mesure de faire face à la situation », affirme N’Djamena

La guerre de la communication bat son plein. A N’Djamena où la situation est calme, les citoyens vaquent tranquillement à leurs occupations. Interrogés par Afrik.com certains d’entre eux pensent que la vraie bataille se jouera à Mongo, une ville située au centre du pays et dont la prise faciliterait l’accès à la capitale. Mais Mahamat Hissène, le porte-parole du gouvernement, affirme que les rebelles n’y parviendront pas. « Nous y avons ouvert une nouvelle ligne de défense », indique-t-il. Avant Mongo, ajoute-t-il, se trouve une autre ligne de défense. D’après M. Hissène, les rebelles ont été mis en déroute, avant même d’avoir atteint cette dernière.

Pourtant, les rebelles affirment qu’ils progressent et que tout se déroule comme ils l’avaient prévu. Ils ont fait parvenir un message électronique à l’AFP. En février 2008, ils avaient traversé le pays d’Est en Ouest avant d’échouer à N’djamena aux portes de la présidence, face aux hommes restés fidèles au président Idriss Deby. Celui-ci aurait alors reçu le soutien des troupes françaises. Ce que dément le ministre tchadien. « Des amis nous avaient fourni du matériel. Mais ce sont nos hommes qui ont fait le travail sur le terrain», affirme-t-il, excluant toute répétition du scénario de l’année dernière. « Pour le moment nous sommes en mesure de faire face à la situation. Nous avons une légère armée aérienne qui nous permet de localiser les rebelles et de les contenir ».

Les rebelles seraient bien équipés

Selon le quotidien français Libération, les rebelles seraient regroupés en «trois à quatre colonnes», circuleraient à bord de quelque 400 pick-up, disposeraient d’armes flambant neuves et de moyens de transmission cryptés, fabriqués en Chine. « Ils seraient également équipés d’armes anti-aériennes, un atout qui inquiète beaucoup de monde au Tchad », écrit le journal.

Mercredi, à Paris, le chef de la diplomatie tchadienne, Moussa Faki Mahamat a rencontré son homologue français, Bernard Kouchner. Les deux hommes ont discuté de l’offensive rebelle. Les deux ministres auraient échangé sur des actions diplomatiques à mener pour faire face à la situation. Des accords militaires lient la France et le Tchad. Ils concernent l’aide logistique et la fourniture de renseignements à N’Djamena.

La France a demandé à ce que le Conseil de sécurité de l’Onu « condamne fermement » cette offensive des rebelles dans l’est du Tchad. Une attaque qui aurait été menée depuis le Soudan.

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