Nicephore Soglo met en garde contre l’explosion des villes africaines


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Le Maire de Cotonou, au Bénin, Nicéphore Soglo, a mis en garde, dans un entretien accordé à la PANA, contre l’explosion des villes africaines, qualifiant la situation actuelle « de véritable bombe à retardement ».

« Les populations africaines vont doubler dans les 25 années à venir. Et malheureusement à cause des subventions accordées par les pays riches, l’agriculture africaine est en difficulté. Tout le monde se réfugie alors dans les villes », a fait remarquer l’ancien chef de l’Etat béninois, après avoir pris part à Québec à la 28ème Assemblée générale de l’Association internationale des Maires francophones (AIMF).

« Les villes africaines sont-elles préparées à accueillir toutes ces populations? Sommes-nous préparés à les loger, à les éduquer, à les soigner ? Je dis non. Et si on n’y prend garde, on court tout droit vers l’explosion », a dit le Maire de Cotonou.

Il a estimé que pour désamorcer « la bombe à retardement », les institutions financières internationales doivent modifier leurs rapports avec les villes africaines en faisant d’elles des partenaires clés, au même titre que l’Etat central.

« Quand moi-même j’étais administrateur à la Banque mondiale, on venait dans le pays on discutait avec les autorités centrales. On faisait des projets sans tenir compte des préoccupations des villes en pensant que les choses allaient naturellement descendre au niveau local. Je m’aperçois aujourd’hui qu’il n’en est rien », a assuré M. Soglo.

Soulignant les qualités de l’expérience canadienne des rapports entre l’Etat et les municipalités, l’ancien chef de l’Etat béninois a indiqué qu’il irait directement à Washington puis à Bruxelles sensibiliser les institutions internationales sur la place centrale des villes africaines dans toute politique de développement.

« Au Québec, ils se sont battus pendant 25 ans pour donner du sens à la démocratie locale. C’est quelque chose que je découvre et qui m’a beaucoup instruit. Nous pouvons réussir la même chose en Afrique en raccourcissant le délai », a affirmé le Maire de Cotonou.

Il s’est dit confiant dans l’avenir des villes africaines tout en appelant à une plus grande solidarité entre les municipalités menacées par l’érosion maritime.

« Nous sommes, de Dakar à Luanda, dans une sorte d’énorme golfe menacé par l’avancée de la mer et des problèmes de santé. Il faut établir une solidarité entre ces villes à l’image de ce qui existe pour les villes menacées par la désertification. Nous pouvons, par exemple, demander le concours de la Hollande qui a une solide expérience dans ce domaine », a plaidé l’ancien président du Bénin.

« Je suis confiant dans l’avenir des villes africaines ; elles sont la fondation de nos Etats. Il y a dans nos villes un savoir-faire qui conforte mon espoir dans l’avenir », a-t-il conclu.

Plus d’une cinquantaine de Maires de grandes villes africaines ont participé du 14 au 16 octobre à 28ème assemblée générale de l’AIMF qui a eu pour thème principal « Ville et finances municipales ».

Selon Bertrand Delanoë, son président, l’AIMF continuera de soutenir les efforts des villes africaines dans le domaine de l’eau potable, de l’assainissement, de l’Etat civil, de la lutte contre le Sida et des infrastructures.

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