« J’suis de là » : l’expo inspirée d’une chanson de Passi


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Le tableau gagnant

En association avec les Dépêches de Brazzaville, le rappeur Passi est l’initiateur d’un projet culturel qui promeut des plasticiens congolais. Il y a quelques mois, lors d’un concert à Brazzaville, il lance un défi aux élèves artistes peintres de l’Ecole de peinture de Poto-Poto. Un jeu-concours pour lequel il s’agit de s’inspirer de sa chanson extraite de l’album Evolution, « J’suis de là », et d’en faire une toile. Résultat stupéfiant à la galerie Congo Arts et Expressions, à Paris jusqu’à la fin du mois de juillet.

« J’suis de là. Je viens de là. Et je vais où le destin me pousse ». Dans ce couplet, en quelques mots, Passi résume sa vie. Un destin biculturel, une nationalité française, une origine congolaise omniprésente, une envie de bouger et d’aller toujours plus loin. Ces mots ont inspiré les artistes de l’Ecole de Poto-Poto, institution de référence au Congo et dans l’Afrique tout entière. Le rappeur leur a demandé de peindre ce qu’ils ressentaient à l’écoute de son texte. Les fruits de ce travail, rapatriés à Paris deux mois plus tard, font l’objet de l’exposition d’inauguration de la Galerie Congo, abritée dans les murs des Dépêches de Brazzaville.

Coup de pouce

Passi« Quand j’arrive au Congo, que ce soit dans la politique, dans le milieu associatif, les jeunes dans la rue même, beaucoup me demandent de travailler avec eux, de leur donner un coup de pouce, une impulsion. Ce qui est intéressant pour moi, c’est de mettre la lumière sur eux. S’ils sont bons, artistiquement, cela m’apporte énormément à moi aussi, cela va dans les deux sens, c’est un échange véritable», explique Passi. Le but est donc d’enclencher une dynamique positive qui permette de désenclaver un art trop peu connu. Bénédicte de Capèle, qui relaie le projet du côté des Dépêches de Brazzaville à Paris, nous dit avoir été surprise de voir que dans la capitale il existait peu de lieux consacrés exclusivement à l’art africain,et encore moins aux œuvres congolaises. « C’est pourquoi nous avons décidé de créer cet espace dédié à l’art et à l’expression congolaise sous toutes ses formes ». Si cette galerie d’exposition n’a pas la prétention de rivaliser avec les musées et autres grandes salles, il s’agit surtout d’ouvrir des portes, de braquer les projecteurs et d’attirer les médias afin de promouvoir des talents.

Le tableau gagnantEt du talent, il y en a à revendre parmi les artistes qui on relevé le challenge de Passi. Le tableau gagnant, intitulé Le cœur de musique et qui a séduit le chanteur, figurera sur la pochette du titre « J’suis de là ». Il apparaîtra également dans le clip de la chanson, aux côtés des 14 autres toiles réalisées. A terme, c’est au milieu du salon de Passi qu’il trônera, jouxtant les souvenirs d’Afrique chinés ça et là « au bled ». « Depuis plus de 10 ans, j’achète, je repère, je collectionne des objets d’art africain, congolais ou pas. J’adore ça, chez moi les pièces sont décorées de plein de souvenirs, de plein de pays où je suis allé. »

Promesse tenue

Passi2.jpgPour l’enfant du pays, l’art est donc une affaire de cœur. Quoi de plus normal alors, que d’utiliser sa notoriété et son exposition médiatique pour partager avec le plus grand nombre les richesses du Congo. «J’ai une culture métissée qui recèle beaucoup de choses positives à exploiter. J’avais fait une promesse à l’école de Poto-Poto, j’avais promis au Congo d’une certaine manière, et la moindre des choses était de tenir mon engagement. Après, l’exposition va aller à New-York, déjà la moitié des toiles sont vendues… Je suis très satisfait d’avoir milité pour que ces peintres soient connus et reconnus, d’avoir au moins servi de tremplin. »

Pari réussi, donc, pour le rappeur fier et ravi de susciter une telle rencontre culturelle. « Pleine d’images, la chanson “J’suis de là” parle à chacun, tout le monde peut s’y retrouver, de la même manière, l’expo s’adresse à tous. A un Africain qui voudrait se souvenir qu’il a de quoi être fier de son pays. Et au public français, qui a toujours été chaud pour découvrir de nouvelles choses, toujours partant pour l’exotisme », explique-t-il. A voir jusqu’à fin juillet.

Voir aussi :

 Les Dépêches de Brazzaville

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