« Le Premier cri » au cinéma


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Plonger le spectateur au cœur des joies et des douleurs de l’accouchement par caméra interposée. C’est le pari que relève brillamment le réalisateur Gilles de Maistre dans son dernier documentaire, Le Premier cri, en salles ce mercredi dans l’Hexagone. Document inédit sur les premiers pas dans la vie de tout être humain, le film est aussi un témoignage des multiples visages de la naissance sur la planète, de l’Afrique à l’Asie en passant par l’Amérique et l’Europe. Hymne à la vie et aux femmes, Le Premier cri ne mérite que des qualificatifs élogieux qui tiennent aussi bien au sujet qu’à la qualité de son rendu.

La naissance, évènement à la fois exceptionnel et banal, est au cœur du documentaire Le Premier cri, réalisé par Gilles de Maistre, qui sort ce mercredi en France. Quarante huit heures autour de l’éclipse solaire du 29 mars 2006, quatre continents, dix pays, dix futures mamans qui acceptent de vivre l’heureux évènement sous l’œil de la caméra du réalisateur français. Des terres froides de la Sibérie, en Russie, à celles arides du désert de Kogo, au Niger, en passant par le Brésil, les Etats-Unis, la France, l’Inde, le Japon, le Mexique, la Tanzanie, le Vietnam, Le Premier cri se fait le témoin privilégié d’un instant magique. Celui où bébé couvert de vernix, cette pellicule blanchâtre qui le recouvre là la naissance, s’époumonne pour annoncer son arrivée sur la terre des hommes. Un point final intense, semblable et différent selon les points du globe.

Dix manières de donner la vie

Mane.gifSemblable parce que dans un hôpital ou à domicile, la douleur, les larmes et les gémissements, le soulagement puis la joie se lisent sur les visages des nouvelles mamans. Différent parce que certaines femmes peuvent choisir la façon dont elles souhaitent être délivrées, surtout dans les pays développés. Parmi les dauphins comme la Mexicaine Pilar, à l’ancienne, comme Yukiko la Japonaise qui a choisi la naissance sur tatami à l’instar de sa mère ou encore Vanessa, originaire du Québec, qui dans son Maine profond veut accoucher naturellement, c’est-à-dire sans aide médicale. Le luxe de choisir s’oppose aux maigres moyens de Sunita, une Intouchable en Inde, qui ne peut s’offrir que les soins d’une sage-femme retraitée ou Mané, la Touareg qui n’a qu’une seule alternative : accoucher dans le bivouac de sa famille alors que sa délivrance s’annonce difficile. Au-delà du choix de la modernité et du retour aux pratiques d’antan, Le Premier cri est aussi un voyage à travers le rituel de l’accouchement chez les indiens Kayapo, tribu guerrière de la forêt amazonienne au Brésil, ou chez les Masaï de la Tanzanie. Chez les premiers, on expulse l’enfant, assise et accrochée à une branche et en pays masaï, la nouvelle maman Kokoya s’abreuve de sang de bœuf pour reconstituer ses forces après cette dure épreuve où elle a dû taire sa douleur. Kikoyo.gif

Le Premier cri s’apparente à une expérience cinématographie unique de par sa thématique et la parti pris artistique. Ce tour du monde de la naissance autour d’un évènement peu ordinaire – une éclipse solaire -, rendu possible par « 22 mois de recherche, 120 femmes enceintes rencontrées, 45 informateurs locaux, 10 enquêteurs…et une tonne de patience ». Mais également de ce que Gilles de Maistre a su faire de sa caméra. Attentive, captant les moindres soubresauts de la mère, filmant les jambes écartées des parturientes et l’apparition de l’enfant, quand cela était possible, tout en étant toujours respectueuse de l’intimité de chacune des mamans. Des femmes qui font à tous ceux qui verront Le Premier cri un cadeau inestimable que Gilles de Maistre, réalisateur du documentaire télévisé A la maternité (2004), a su emballer avec délicatesse et talent. A ne refuser sous un aucun prétexte.

La bande annonce du film

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