Zimbabwe : opération sexe contre pétrole


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Des prostituées de la région du Midlands, au Zimbabwe, se prostituent en échange de carburant. La pratique ne serait pas générale, mais elle inquiète les forces de police, qui ont déjà procédé à plusieurs arrestations.

Dans la province du Midlands, il existe une forme de prostitution atypique. Des femmes de cette région centrale du Zimbabwe échangent leurs faveurs contre de l’essence, et non contre de l’argent. Le phénomène serait nouveau, mais pas généralisé, si l’on en croit l’association des droits de l’homme Zim Rights. Des reportages en font toutefois état « dans le district de Mvuma, qui est une ville frontière entre les provinces de Midlands et Masvingo. Cela se passe le long de la route Beitbridge, qui va en Afrique du Sud », nous rapporte Zim Rights.

L’essence a prix d’or sur le marché noir

De nombreux camions passent en effet sur cette route et les routiers seraient une cible privilégiée. Cependant, « il est possible que quelqu’un qui soit prêt à céder de l’essence soit aussi client de ces travailleuses du sexe », souligne Zim Rights. « C’est vraiment alarmant que des femmes échangent du sexe contre des récipients de 20 litres de diesel ou de pétrole. Elles disent que c’est beaucoup plus rentable que d’être payé en liquide », confiait en novembre le porte-parole de la police, Costa Taduwa, au quotidien zimbabwéen Daily Mirror.

Il faut dire que la valeur du dollar zimbabwéen souffre depuis de nombreuses années d’une inflation galopante, tournant autour de 1 000%. Quant à l’essence, elle se fait rare dans le pays depuis de nombreuses années. Alors, même si le gouvernement a fixé le prix à la pompe à 300 dollars zimbabwéens (ZWD) le litre, soit 0,9 centimes d’euro, il est vendu environ 2 000 dollars ZWD le litre (environ six euros) dans les stations privées ou sur le marché noir, selon le journal Zim Observer.

La menace du sida

Du coup, certaines prostituées préfèrent être payées en nature et de nombreux automobilistes guettent les chauffeurs routiers. « Le long de la route Beitbridge et de toutes les routes du Zimbabwe, vous voyez des hommes avec des récipients qui attendent que les chauffeurs routiers leur vendent de l’essence », explique Zim Rights. Les automobilistes ne risquent rien, mais, pour les travailleuses du sexe, c’est une autre histoire. La prostitution est illégale au Zimbabwe et elles risquent d’être arrêtées pendant leur transaction. « Nous avons arrêté quelques coupables lors de nos raids réguliers à Fairfields et Chaka Business Centres qui ont confessé s’être engagées dans cette pratique », a expliqué Costa Taduwa.

Une récente étude sur la prostitution au Zimbabwe, menée par le Fonds des Nations Unies pour la population, ne fait pas mention d’échange de sexe contre de l’essence. En revanche, d’autres commodités sont « troquées » au point d’escale pour les chauffeurs routiers situé à la frontière avec l’Afrique du Sud. « A Ngundu Growth Point des travailleuses du sexe sont payées en nature par des resquilleurs d’Afrique du Sud ou des Zimbabwéens travaillant en Afrique du Sud et revenant au Zimbabwe pour voir des proches », selon deux employées de l’organe onusien ayant travaillé sur le terrain.

D’après l’article du Daily Mirror, la situation inquiète l’hôpital de Mvuma, qui estime que le taux d’infections sexuellement transmissibles a fortement augmenté à cause de la promiscuité et de la prostitution, surtout chez les jeunes. Gladys Takawira, infirmière en chef de l’établissement hospitalier, a confié au journal que le nombre de cas avait augmenté de 35% au cours des cinq derniers mois.

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