Réaction de l’ACAT au Prix Nobel de la paix remis au Dr. Denis Mukwege


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DR. Mukwege

Le prix Nobel de la paix 2018 a été décerné au gynécologue congolais Denis Mukwege, un médecin qui répare les femmes, violées dans le cadre du conflit en République démocratique du Congo (RDC), et œuvre pour mettre fin à l’impunité. L’ACAT, qui le soutient dans son combat depuis des années, se réjouit de cette reconnaissance.

Une arme de guerre : telle a été l’utilisation du viol pendant plus de 20 ans en République démocratique du Congo (RDC). En détruisant l’appareil génital de la femme, les bourreaux ont laissé des séquelles physiques et psychologiques irréversibles. Un homme s’est attelé depuis plus de 17 ans à la tâche ardue de « réparer » les victimes – autant dans leurs plaies que dans leur dignité. Fils d’un pasteur pentecôtiste, Denis Mukwege est un gynécologue reconnu (voir biographie ci-dessous). La guerre civile a fait de son hôpital de Panzi le décor macabre d’arrivées quotidiennes de femmes et de fillettes ravagées par des sévices sexuels. Depuis, il s’est donné la mission titanesque d’apporter soins et soutiens aux victimes de ces viols brutaux ; mais aussi de faire du plaidoyer au niveau international. Car la lutte du Dr. Mukwege ne s’arrête pas aux portes de son bloc opératoire : il se rend aux quatre coins du monde pour dénoncer l’impunité des criminels. « A ce stade d’atrocités et de répétition des atrocités, être témoin et ne rien dire, cela devenait pour moi de la complicité. Je ne pouvais plus me taire », a-t-il maintes fois témoigné.Denis Mukwege a notamment reçu le Prix Sakharov 2014. Son action l’a exposé à plusieurs tentatives d’assassinat en RDC, l’obligeant à fuit un temps à l’étranger puis de retour en RDC à vivre cloîtré dans son hôpital, protégé jour et nuit par des casques bleus.

« Le combat courageux, précieux du Dr Mukwege dans sa quête de justice pour les victimes oubliées du conflit en RDC est aujourd’hui récompensé », témoigne Clément Boursin, Responsable des programmes Afrique de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture). « Ce combat est essentiel car les espoirs d’une paix durable en RDC ne pourront aboutir que si justice est rendue. L’impunité des criminels passés constitue un véritable fardeau pour la pacification du pays.»

Dans ce but, le Docteur Mukwege et l’ACAT œuvrent pour que soit levé l’embargo sur les documents identifiant les présumés auteurs et responsables de 617 incidents violents commis entre 1993 et 2003, documentés dans le rapport mapping des Nations Unies de 2010 et pour que soient enfin sanctionnés leurs responsables. Le rapport « Mapping » accusait notamment des officiers de l’armée congolaise, ainsi que sept autres pays impliqués dans les conflits armés en RDC.

« Depuis sa publication en octobre 2010, le Rapport mapping a été oublié par la communauté internationale. Huit ans plus tard , les recommandations du rapport ne sont pas suivies d’effet et l’impunité demeure. Il faut que la reconnaissance du docteur Mukwege, symbole du soutien international aux victimes congolaises, s’accompagne de mesures véritables pour rétablir enfin la justice dont les Congolais ont tant besoin » témoigne Clément Boursin.

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