Lutte contre la piraterie au Bénin


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Un spectacle qui a de quoi réjouir les artistes

Sur autorisation du gouvernement béninois, la direction du Bureau Béninois des Droits d’Auteurs (Bubedra) a procédé samedi 30 octobre, à Savi, une bourgade située à une trentaine de kilomètres de Cotonou, à une opération d’incinération publique de 72 milles cassettes et Cd piratés, tant d’artistes étrangers que nationaux. Une opération qui témoigne de l’engagement du gouvernement béninois à venir à bout de ce fléau, qui gangrène le monde des créateurs des œuvres de l’esprit. Au delà de cet engagement, un environnement juridique adapté se met en place pour mieux endiguer la piraterie au Bénin.

De notre correspondant au Bénin, Sessi TONOUKOUIN

Mener la vie dure aux pirates sur toute l’étendu du territoire national et permettre aux artistes de jouir convenablement du fruit de leur labeur. Telle est la portée de la cérémonie officielle d’incinération de 72 mille cassettes et Cd, exécutée par le Bureau Béninois des Droits d’Auteurs (Bubedra) sur autorisation du Conseil des Ministres après ordonnance du tribunal de première instance de Cotonou. Une opération qui a connu la présence du ministre béninois de la Culture, Frédéric Dohou, et de toute la classe artistique. C’est le couronnement d’une lutte qui a démarré depuis 1995 et a amené l’équipe du Bubedra, conduite par son Directeur Samuel Ahokpa, à procéder à des descentes musclées dans les marchés et à procéder à des saisies des œuvres piratées. Un travail qui témoigne de la lutte sans merci que les autorités béninoises entendent désormais mener aux pirates.

Lutte commune

Jusque-là, le statut juridique du Bubédra ne lui accorde pratiquement aucun pouvoir en matière de répression. Il n’a théoriquement même pas le droit de saisir les productions pirates. L’action qu’il a mené le 30 octobre dernier n’a pu voir le jour qu’avec l’aval du tribunal. Pour monsieur Ahokpa, l’action d’incinération profite à tous les artistes aussi bien étrangers que locaux. « Il s’agit d’une lutte commune que mènent tous les bureaux de droits d’auteurs de par le monde et en Afrique en particulier car les œuvres d’auteurs béninois qui circulent dans d’autres pays sont aussi protégées », précise t-il.

Quant à la présence sur le territoire des œuvres piratées Samuel Ahokpa, affirme qu’il n’existe pas d’unités ni d’industries de duplication de cassettes et de CD piraté au Bénin, que ses œuvres proviennent du Togo et du Nigeria. Mais il reste du chemin à parcourir même si la circulation interne des dits produits est maîtrisée par le Bubedra. « Nous contrôlons la circulation interne des œuvres piratées, et grâce à notre vigilance et la collaboration de la douane et de la police judiciaire, les conteneurs de Cd sont saisis au port de Cotonou cependant nous ne baisserons pas les bras tant que les pirates existeront », s’explique t-il.

Couper le mal à la racine

A travers cet acte il s’agit d’une première phase de la lutte qui part de la périphérie pour remonter aux racines afin de démasquer les auteurs. C’est d’ailleurs ce que confirme Marcel Bio Orou Fico, Conseiller Technique à la culture. Tout en reconnaissant les limites de l’opération qui selon lui reste à la fois dissuasive et insuffisante, il précise que la lutte sera sans merci et mettra à nu les contrefacteurs dont les produits seront saisis et incinérés avec publication officielle des noms. De son côté Nel Oliver, artiste musicien et Président du comité béninois de lutte contre la piraterie, estime qu’il faut une sensibilisation et une organisation formelle des animateurs du marché que sont les distributeurs et les vendeurs ambulants.

Une mesure qui sera effective avec la mise sur pied de la commission nationale de lutte contre la pirate, préconisée par le ministre béninois de la Culture. Cette commission interministérielle, selon lui, travaillera en synergie avec une brigade nationale avec des moyens qui la rendront opérationnelle sur toute l’étendu du territoire. De plus le projet de loi de lutte contre la piraterie sera, dans les tout prochains jours, officiellement promulguée après le vote par l’Assemblé Nationale. Ceci indique que la lutte contre la piraterie a pris son dernier virage pour permettre aux artistes de mieux vivre de leur art.

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