Libye : La révolte contre le CNT prend de l’ampleur


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La contestation à l’encontre du Conseil national de transition (CNT) gagne du terrain. C’est à Benghazi, berceau de la révolution, que les critiques à l’encontre de l’organe de transition sont les plus vives. Les protestataires réclament sa démission. Mais le dirigeant du CNT, Mustapha Abdeljalil, a prévenu qu’une telle mesure provoquerait une guerre civile dans le pays.

Le Conseil national de transition (CNT) est très affaibli. L’organe de transition est en proie à une vive contestation du peuple, notamment à Benghazi, berceau de la révolution, où les critiques à son encontre sont très virulentes. Les protestataires, lui reprochent son manque de transparence et réclament sa démission. Le CNT s’est réuni dimanche dans un lieu tenu secret pour établir la loi électorale qui doit engager le processus pour l’élection de l’Assemblée constituante.

Selon un projet de loi qui a été rendu public début janvier, seulement 10% des 200 sièges de l’Assemblée constituante seront réservés aux femmes. Une mesure qui a provoqué la fureur des défenseurs des droits des femmes. Ces dernières ont combattu dans l’ombre durant le conflit et réclament désormais une meilleure représentation. L’interdiction aux personnes ayant une double nationalité de postuler aux élections a également été critiquée par plusieurs partis et organisations.

Un risque de « guerre civile »

Mais le dirigeant du CNT, Moustapha Abdeljalil, n’abdique pas face à la colère du peuple. Il a prévenu dimanche dans une interview accordée à la télévision libyenne, Libya Al-Hurra (Libye libre) qu’une « démission du Conseil conduirait à une guerre civile ».

La violence gagne du terrain. Pas plus tard que samedi, des manifestants de Benghazi ont saccagé les locaux de l’institution. Ces vives contestations ont conduit dans la même journée à la démission du numéro deux du régime de transition, Abdel Hafiz Ghoga. Les jeunes lui reprochent son opportunisme et d’avoir fait parti du régime de Mouammar Kadhafi. Sa démission n’a pas calmé les contestataires qui comptent beaucoup d’étudiants. Selon RFI, ils se sont réunis dans le centre de Benghazi pour exiger la libération de leurs camarades interpellés ces derniers jours.

Les raisons de la colère

Contacté par Afrik.com, Saïd Haddad, chercheur spécialiste de la Libye au CNRS, explique que les populations « naviguent dans l’impatience et estiment avoir été délaissées par le CNT ». Elles « en ont assez de l’insécurité qui règne dans le pays » et réclament notamment la prise en charge des blessés durant le conflit. Elles souhaiteraient également que le CNT livre ce qu’il a l’intention de faire des fonds du pays placés à l’étranger. Pour le chercheur, l’autre élément qui explique les protestations du peuple à l’encontre de l’organe de transition est « le discours du CNT, qui prône le pardon à l’égard des ex-combattants pro-Kadhafi. Ces combattants sont les principaux responsables des maux de la Libye et elles n’acceptent pas cette clémence programmée par le CNT à leur égard », explique-t-il.

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