L’épouse de Khalifa Abdelmoumen interpellée à Paris


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Est-ce le début de la fin de cavale de l’ex-golden boy algérien, Rafik Abdelmoumen Khalifa ? Avec l’arrestation hier à Paris de son épouse, Mme Amirouchène Nadia, et deux de ses proches collaborateurs dans son ex-banque par la police française, c’est l’étau judiciaire qui se resserre autour de lui.

En effet, la femme de l’ex-milliardaire algérien et les deux responsables de la défunte banque, Ghazi Kebbache, son oncle et ancien directeur général d’El Khalifa Bank et de Khalifa Construction, et Mohamed Nanouche, ex-directeur général adjoint de la même banque, ont été placés en état d’arrestation provisoire. Cette procédure intervient en exécution de mandats d’arrêt internationaux émanant de la justice algérienne, précisent des sources policières à Paris. Ils devraient être extradés vers l’Algérie après que la justice française « se sera prononcée sur leurs cas respectifs », a ajouté la même source.

Nadia Amirouchène et les deux hommes ont été interpellés par la brigade nationale française de recherche des fugitifs, « sans autre précision de lieu ni des conditions d’interpellation ». Les trois personnes avaient été condamnées par contumace en Algérie par le tribunal criminel de Blida lors du procès qui a duré plus de deux mois et qui a rendu le verdict en mars dernier. Alors que Mme Amirouchène Nadia a écopé d’une peine de 10 ans de prison pour « malversations et escroqueries au sein de l’empire Khalifa », les deux autres personnes interpellées hier avaient, pour leur part, été condamnées à une peine de 20 ans de prison. Rafik Khalifa, fondateur de la banque de même nom, a été arrêté le 27 mars à Londres dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre, en région parisienne, pour « blanchiment d’argent », mais a été libéré sous caution. La justice française soupçonne en particulier M. Khalifa d’avoir acquis avec des fonds de Khalifa Airways une villa à Cannes et plusieurs appartements, qui servaient à son usage personnel et à ses proches.

L’étau se resserre

En Algérie, Abdelmoumen Khalifa a été condamné par contumace le 22 mars dernier par le tribunal de Blida à une peine de réclusion à perpétuité dans le procès du « siècle » d’El Khalifa Bank pour « association de malfaiteurs, de corruption, d’abus de confiance, de faux et d’escroquerie ». Ses autres coaccusés au nombre de 103 se sont vu infliger des peines de prison à terme et 49 d’entre eux ont été acquittés. Les autorités algériennes ont officiellement demandé l’extradition de Abdelmoumen Khalifa auprès de leurs homologues britanniques mais la procédure traîne en longueur pour des raisons inconnues. Au mois d’avril dernier, une source proche du Scotland Yard avait confié à l’envoyé spécial d’El Watan à Londres que la justice française avait elle aussi demandé — sans bruit — l’extradition de Khalifa avant que l’information soit confirmée par l’agence AFP. Et en réussissant à mettre la main sur sa femme et ses deux bras droits, la justice française met désormais Khalifa dans de sales draps. Va-t-il décider de se mettre à la disposition de la justice française pour sauver l’honneur de sa famille, ou alors continuera-t-il à fuir la justice, algérienne et française, en attendant qu’il soit forcé, tôt au tard, à le faire ?

Sans préjuger des suites qui seront données à cette affaire, on sait déjà que la justice française devra statuer « ultérieurement » sur le cas des trois personnes arrêtées hier. Elle se prononcera sur leur éventuel placement en détention, dans l’attente de l’examen de la demande d’extradition algérienne « qui fera l’objet d’une audience ». Les sources policières à Paris précisent qu’Alger dispose d’un délai de trente jours à compter d’hier pour « formuler sa demande d’extradition et envoyer les documents utiles à Paris ». En tout état de cause, l’homme le plus recherché d’Algérie n’est jamais aussi proche des mains des autorités. A moins que…

Hassan Moali, pour El Watan

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