L’attitude d’Hollande au sommet de la Francophonie critiquée


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Le discours de François Hollande au sommet de la Francophonie à Dakar a fait grincer des dents au sein des délégations africaines. Le président français appelait en effet tous ceux qui tentent de modifier leur Constitution à réfléchir sur l’exemple burkinabè après la chute de Blaise Compaoré. Un message vivement critiqué par notamment la ministre rwandaise des Affaires étrangères qui a déploré l’attitude du dirigeant français.

Le discours de François Hollande au 15ème sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie est loin d’avoir fait l’unanimité au sein des délégations africaines, qui ont déploré l’attitude du président français. « La Francophonie est soucieuse des règles en démocratie de l’aspiration des peuples, de tous les peuples à des élections libres », a assuré le chef de l’État français, faisant ainsi référence à la « leçon » de la transition tunisienne ou encore à « la belle démonstration » du peuple burkinabè, qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir. Pour François Hollande, « cela doit faire réfléchir » tous ceux qui tentent de se maintenir au pouvoir en modifiant la Constitution car « c’est le peuple qui décide ».

Des propos qui ont heurté de nombreux dirigeants africains. C’est notamment le cas de la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo, qui s’est confiée à France 24, et n’a pas mâché ses mots à son égard : « Je trouve ça gênant qu’un président qui est avec ses pairs, ici, au sommet de la Francophonie ne vienne pas discuter avec eux, mais dicter ce qui devrait se passer dans leur pays », évoquant une attitude inélégante.

« Ce n’est pas Paris qui décide de l’avenir des Africains »

Même si elle reconnait que le président français peut « exprimer son point de vue et donner des conseils à ses pairs », elle déplore le ton paternaliste et quasi directif. « Lorsqu’il dit : « Je suis venu à Dakar pour dire aux Africains », je trouve que ce n’est pas normal ! Nous sommes en 2014 !», a-t-elle fustigé. Et la ministre de poursuivre : «Qui décide de l’avenir politique des Africains ?» s’est elle interrogée, avant d’affirmer « ce n’est pas Paris qui décide, c’est évident ».

Même son de cloche pour l’ex-président burundais Pierre Buyoya, qui était aussi candidat à la tête de l’organisation de la Francophonie. Dans une interview accordée à Jeune Afrique il a affirmé : « Comme beaucoup, j’ai été surpris par la façon de faire de François Hollande ». Selon lui, ni le cadre ni la manière n’était appropriés pour qu’Hollande prononce ce discours, affirmant avoir été « surpris par son interprétation des évènements du Burkina Faso ». Selon Pierre Buyoya, « prétendre que tous ceux qui modifieraient leur Constitution n’ont pas leur place dans l’espace francophone est exagéré. Chaque cas est spécifique ».

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