Cameroun : le chef des séparatistes anglophones condamné à la prison à vie


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Sisuku Ayuk Tabe
Sisuku Ayuk Tabe

Reconnu coupable de « terrorisme et sécession », Sisuku Ayuk Tabe, le leader des séparatistes anglophones et neuf de ses partisans ont écopé de la prison à vie,  a été assorti d’une amende collective de 250 milliards de francs CFA (381 millions d’euros).

A Douala,

La justice camerounaise a prononcé le verdict à 5h37, mardi 20 août 2019 au matin, au terme d’une audience qui a débuté lundi 19 août 2019, au tribunal militaire de Yaoundé et qui s’est poursuivie toute la nuit. Les avocats de la défense étudient la possibilité de faire appel, certains qualifiant la procédure de parodie de justice.

En janvier 2018, Julius Ayuk Tabe avait été interpellé avec 46 autres indépendantistes à Abuja par les services de renseignement nigérians. Tous avaient ensuite été transférés à Yaoundé. Une extradition jugée illégale par la justice nigériane en mars 2019.

Tout au long de leur procès devant le tribunal militaire de Yaoundé, ils ont toujours renié la nationalité camerounaise, se présentant comme des ressortissants de l’Amazonie.

Fin mai, le leader séparatiste s’est dit disposé à participer à des pourparlers avec le gouvernement, mais uniquement à l’étranger et posant comme préalable sa libération, ainsi que celle de toutes les personnes détenues dans le cadre de la crise anglophone.

Pour rappel, la crise anglophone, déclenchée à la suite de revendications corporatistes des enseignants et des avocats en novembre 2016, a déjà fait environ 2000 morts, selon l’organisation Human Rights Watch (HRW). A en croire l’ONU, plus de 530000 personnes ont fui ces deux régions camerounaises, dans lesquelles des combats opposent régulièrement l’armée régulière aux séparatistes.

« Cette condamnation risque d’empêcher la reprise des classes tant souhaitée et d’aggraver la situation sécuritaire en zone anglophone dans les prochaines semaines », estime Maximilienne Ngo MBE, Directrice Exécutive du Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (REDHAC). Selon elle, « cette situation pourrait radicaliser une partie des séparatistes qui voyaient le fait que ces leaders n’avaient pas encore été condamnés comme une marque d’espoir ».

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