Pape François : les Africains, entre déception, joie et ignorance


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Les 115 cardinaux, réunis en conclave pendant plus d’un jour à la chapelle Sixtine, ont élu mercredi 13 mars Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, 266e pape de l’Eglise catholique. Cet Argentin de 76 ans portera le nom de François. C’est la première fois qu’un sud-américain est élu pape. Les Africains, qui auraient aimé voir le ghanéen Peter Tuckson ou le guinéen Robert Sarah l’emporter, sont mitigés. Réactions.

La fumée blanche, tant attendue, s’est échappée de la chapelle Sixtine hier, mercredi 13 mars, un peu avant 19 heures. Le nouveau pape, succédant à Benoit XVI, Jorge Mario Bergoglio est un Argentin, archevêque de Buenos Aires, âgé de 76 ans. Les Africains, qui espéraient voir le cardinal ghanéen Peter Tuckson ou le guinéen Robert Sarah devenir le 266e pape, sont partagés entre déception, joie et ignorance.

De la déception

Les premiers déçus, sont les Ghanéens. « Encore un vieux ce n’est pas très catholique ça. Oui, j’aurais préféré Peter Tuckson, un black pourquoi pas ? Mais, j’ai entendu dire qu’il avait été écarté », dixit Franklin, un jeune Ghanéen immigré en France.

La même déception est ressentie en Guinée. Et pour cause, le cardinal guinéen Robert Sarah, âgé de 69 ans, n’a pas non plus remporté les suffrages des 115 cardinaux réunis en conclave à la chapelle Sixtine. « Je suis déçu parce qu’il n’y a que des papes européens. Je trouve ça un peu raciste. J’aurais préféré que le nouveau pape soit noir ou asiatique. Un Argentin est plus proche de l’Europe », déclare à Afrik.com Maury Soumairé. « C’est un choix discriminatoire, qui ne représente pas la majorité des catholiques. Alors qu’avec un pape noir ou asiatique, ça aurait été le cas. Dieu n’a pas de couleur ! », s’offusque ce résidant de Conakry, la capitale guinéenne.

De la joie

En revanche, au Cameroun, pays africain à dominance catholique, c’est l’effervescence. Leonard Ekwe, un prête camerounais joint par Afrik.com, ne veut pas s’étendre davantage dans les médias. Il a donc été bref : « Il est bien, on l’aime. C’est tout ! ».

Plus bavard, un jeune scout de Yaoundé, la capitale du Cameroun, expose son engouement. « Le Pape a eu la confiance des cardinaux, on doit donc lui faire confiance quant à sa capacité de diriger l’Eglise catholique », affirme Cédric. Et de nuancer son propos : « Il ne faut pas trop attendre de Jorge Mario Bergoglio. L’Eglise n’a pas vocation à modifier ses positions fondamentales, sur l’avortement ou l’homosexualité par exemple ».

Même son de cloche du côté de Yves Tshabwila, un jeune catholique congolais, de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Il accueille à bras ouvert le premier pape sud-américain : « Je pense qu’il incarnera l’Eglise catholique, comme l’a fait avant lui Benoit VI. Il vient d’un pays (l’Argentine) très chrétien. J’aime sa modestie et admire ses actions en faveur des pauvres ».

De l’ignorance

Cette opinion ne reflète, pourtant, pas tous les propos des Congolais que nous avons recueillis. Sur les cinq personnes qu’Afrik.com a interrogées, la majorité ne connaissait pas Jorge Mario Bergoglio. Dans l’ensemble, les Kinois attendent de jauger le pape argentin avant de le juger.

Alors que les Maliens sont, quant à eux, préoccupés par d’autres problèmes. « Je ne sais pas si l’élection du nouveau pape intéresse les Maliens. Ils s’attendaient (comme tous les Africains) à avoir un pape noir », souligne Mame Diarra Diop. « Après l’élection, les gens applaudissaient sur Facebook, mais les Maliens sont plus préoccupés par ce qui se passe ici (la guerre au Mali) », ajoute la journaliste. Et de conclure : « Personnellement, je pense que dans le contexte actuel, marqué par des conflits à n’en plus finir, les gens avaient besoin d’une figure charismatique, (à l’image de Jorge Mario Bergoglio), qui porte la foi ».

Le premier pape sud-américain est issu d’une famille modeste d’immigrés italiens, d’origine argentine. Surnommé « l’évêque des pauvres », Jorge Mario Bergoglio est jésuite. Décrit comme un pragmatique et social, le pape François doit assurer la transition de l’Eglise catholique.

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