Centrafrique : les enjeux politiques après l’accord de paix


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La paix tant réclamée par les Centrafricains durant la crise sécuritaire imposée par les rebelles du Séléka est revenue. Maintenant, il est question de la consolidation des acquis de ces pourparlers étant donné le contexte risqué dans lequel le nouveau gouvernement d’union nationale qui sera bientôt mis en place est appelé à travailler.

(De notre correspondant)

Après pratiquement un mois de crise sécuritaire qui a secoué la République centrafricaine, l’heure est aujourd’hui à la reconstruction du pays sur toute la ligne, mais aussi et surtout à la consolidation des acquis des négociations de Libreville. L’heure est à l’apaisement et à une rétrospective des écueils qui ont fait la risée du peuple centrafricain pour ses propres turpitudes. Mais, cet élan ne saurait être dogmatique quitte à corrompre l’éventualité des balises requises aussi bien pour l’intelligibilité de la nouvelle aventure voulue par le peuple centrafricain que pour la contextualisation de la vision commune de ce peuple qui n’est autre que celle de la conscience nationale vis-à-vis de l’arriération tous azimuts du pays, de la paix et de la nécessité d’un développement accéléré.

C’est-à-dire que l’heure n’est pas à la passion ou à l’aberration triomphaliste et sectaire, moins encore aux velléités populistes d’arrière-garde, mais au raisonnement et l’aptitude des filles et des fils du pays à se remettre en cause, à se projeter dans l’avenir par une meilleure prospection conjoncturelle et pourquoi pas structurelle des défis à relever.

L’heureux aboutissement des négociations de Libreville ne saurait être un miracle, car il reste une œuvre humaine surtout qu’il s’agit d’une paix extérieure colmatée à tour de bras par un monitoring exotique. Libreville risque de révérer une victoire à la Pyrrhus si la valeur ajoutée n’est pas apportée par les Centrafricains eux-mêmes.

Loin de tout pessimisme, l’on ne pourrait s’empêcher de mettre en évidence des facteurs de risque, notamment les pesanteurs sectaires des entités appelées à composer le gouvernement et une éventuelle rupture du dialogue permanent entre les acteurs. Car, selon les esprits des accords de Libreville, ces pourparlers se situent dans la continuité du DPI (Dialogue politique inclusif).

Aussi, il ne faudrait pas confondre urgence et précipitation, c’est-à-dire que les acteurs politiques doivent tirer les leçons de la configuration de l’ancienne CEI (Commission électorale indépendante) où des représentants d’entités avaient fait l’objet de désignation puis de désaveu, de retrait puis de remplacement. D’où, l’importance de la dimension moralité dans la conduite des entités et la désignation des personnalités devant figurer dans le gouvernement d’union nationale.
A ces facteurs de risque, il faut ajouter le danger de la cohabitation d’un gouvernement d’union nationale avec une majorité parlementaire qui n’est pas avec ce gouvernement. Même si la dissolution de cette Assemblée est prévue dans un an, rien ne prouve qu’elle ne constituera pas une peau de banane à ce gouvernement en 12 mois.
Ensuite, la loi des finances est déjà votée par l’Assemblée.

Comment intégrer les priorités du nouveau gouvernement qui ne sont naturellement pas les mêmes que celles du gouvernement sortant ? Enfin, comment organiser les élections législatives dans un an si le projet de loi portant code électoral révisé n’a pas encore été adopté et, à ce titre, non encore inscrit dans la loi des finances 2013 ?

Bref, il y a potentiellement trop de facteurs de risque qui, une fois oblitérés, pourront trahir, une fois de plus, les attentes des uns et des autres et perpétrer ainsi le mythe de Sisyphe. Il faut aussi se méfier du danger des glissements populistes du genre COCORA et COAC qui risquent de gâcher la sauce. L’enjeu est encore de taille et demande beaucoup de vigilance et dextérité.

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