Phumzile Mlambo-Ngcuka : Madame la vice-présidente d’Afrique du Sud


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Phumzile Mlambo-Ngcuka, ancien ministre sud-africain de l’Energie et des Mines, a été nommée, mercredi dernier, vice-présidente en remplacement de M. Jacob Zuma limogé à la suite de la condamnation pour corruption de son conseiller financier Shabir Shaik. C’est la première fois qu’une femme accède à ce poste, ouvrant ainsi les paris sur le sexe du Chef de l’Etat sud-africain qui sera élu en 2009.

Phumzile Mlambo-Ngcuka. C’est un nom qu’il faudra impérativement retenir car c’est celui de la première femme vice-présidente de la République sud-africaine. Nommée, mercredi dernier, lors de la réunion bimensuelle du gouvernement sud-africain, elle remplace Jacob Zuma limogé, la semaine dernière, à la suite de la condamnation à 15 ans de prison de son conseiller financier Shabir Shaik. Jacob Zuma sera lui-même entendu, devant les tribunaux, dans quelques jours pour le même délit. L’ancienne ministre de l’Energie et des Mines est devenue, en quelques années, un personnage clé de l’African National Congress (ANC) – elle est membre, depuis 1997, du comité exécutif de ce parti – et de la vie politique sud-africaine.

Et c’est à son mari, ancien procureur national reconverti dans les affaires, que l’on doit la débâcle politique de son prédécesseur. Selon le quotidien sud-africain Mail&Guardian, il avait avancé, en août 2003, l’hypothèse que M. Zuma serait impliqué dans une affaire de corruption mais il estimait alors « qu’il serait impossible de gagner l’affaire ». Phumzile Mlambo-Ngcuka semble avoir cloué au pilori l’ancienne compagne de M. Zuma, Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre des Affaires étrangères, qui aurait été pressentie pour le poste. Sa détermination et son sens de l’innovation, des qualités que beaucoup lui reconnaissent, ont peut-être aidé Thabo Mbeki, le Président sud-africain, à prendre sa décision. A noter que la nomination de Phumzile Mlambo-Ngcuka ouvre les spéculations sur la possibilité qu’une femme dirige, un jour, l’Afrique du Sud : on avait dit de Jacob Zuma qu’il succèderait à Thabo Mbeki, en 2009, à la fin du mandat de ce dernier.

De l’enseignement à la vice-présidence

Née le 3 novembre 1955, la jeune Zulu Phumzile Mlambo devient enseignante après avoir obtenu, en 1980, une licence (‘Bachelor of arts’) en sciences sociales et en éducation au Lesotho. Elle exerce alors de 1981 à 1983 dans le Kwazulu-Natal. Entre 1984 et 1992, elle s’investit dans des projets à portée socio-économique pour finir par créer, en 1993, sa propre structure de conseil en management Phumelela Services. Sa carrière politique ne démarre véritablement qu’en 1994 où, à la faveur des premières élections libres en Afrique du Sud, elle devient députée. Elle sera nommée, deux ans plus tard, vice-ministre du Commerce et de l’Industrie. Un poste qu’elle conservera jusqu’à ce qu’elle se voit confier le secteur minier en 1999, vital pour l’économie sud-africaine.

Son passage à ce ministère n’est pas passé inaperçu, il plaide même, dans une certaine mesure, en faveur de sa capacité à assumer sa nouvelle charge. Mme Mlambo-Ngcuka est, en effet, à l’origine d’une charte (‘Mining Charter’) qui constitue une révolution dans le secteur minier sud-africain, puisqu’elle préconise notamment, que d’ici 2014, 26 % des mines sud-africaines soient détenues par des entreprises gérées par des Noirs. C’est à elle que l’on doit également une motion invitant son pays à recourir à des sources d’énergies plus abordables et plus économiques comme les énergies renouvelables dont elle recommande l’utilisation.

Déjà victime de la controverse

En somme, un bilan positif mais, semble-t-il insuffisant, pour exempter sa nomination de la controverse. Pour Tony Leon, par exemple, le chef du Democratic Alliance, parti d’opposition, dont les propos ont été rapportés par Mail & Guradian, « d’un point de vue politique et moral, sa nomination vient réduire la portée de la décision de M. Mbeki, bien que difficile, de limoger, M. Zuma ». Et cela pour plusieurs raisons. Il évoque ainsi le scandale pétrolier dans lequel serait impliquée la société publique Petro SA, directement placée sous sa tutelle en tant que ministre de l’Energie et des Mines. Et le fait que le frère de Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Bonga Mlambo, aurait bénéficié, au travers d’une société dénommée Imvume company, d’un prêt de 50 000 rands (environ 7 500 euros) de la société d’Etat.

Dans un autre registre, comme pour ajouter de l’eau au moulin de Tony Leon, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka aurait estimé que les récentes présidentielles zimbabwéennes étaient libres et démocratiques. En dépit des critiques, sa nomination reste néanmoins une véritable victoire pour les femmes sud-africaines et l’occasion pour Thabo Mbeki de démontrer la cohérence de son discours, lui qui a fait de la promotion de la femme l’un de ses chevaux de bataille. Son gouvernement compte déjà 22 femmes sur 50 membres. Politicienne d’envergure, Madame la vice-présidente est aussi la mère d’un jeune garçon qui porte le nom de Luyolo.

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